“ Il nous met à l’épreuve, chaque jour de notre vie, le seigneur, nous met à l’épreuve. Si tel n’était pas la vérité, comment pourrais s’expliquer le chaos dans lequel nous vivons... Alors qu’il pourrait effacer à jamais cette gangrène de la surface de la terre, d’un seul geste de son bras tout-puissant...

Comment devons expliquer la prolifération actuelle avec l'évangile de cette sexualité facile, des relâchements des mœurs..."

Parole du pasteur dans le film “Footlose”

Voici le genre de sermons que j’entends le dimanche, lors de la messe. Je ne suis pas un catholique pratiquant, mais étant le fils du pasteur, je n’ai pas trop le choix que de faire acte de présence.

Mon père, un homme d’église, pasteur à Kanab, il est respecté et apprécié par beaucoup de monde, souvent de ses fidèles. Ma mère, une femme au foyer, croyante, fidèle et aimante, elle élève ses trois enfants avec passion et dévouement. Ce couple est un modèle, pour beaucoup de monde, même pour nous, ses trois enfants.

Le premier fils, Dylan, un jeune garçon né juste après le mariage. Il est vu comme le fils parfait, élevé un peu sévèrement, car on attend de lui, d’être parfait, de respecter l’évangile, d’être pratiquant, mais ce n’est pas forcément son choix, mais il sait jouer l’enfant modèle. Du moins, de ce que j’en sais, car même avec moi, il se montre sévère.  

Nos parents ne sont pas violents, ils n’ont jamais levé la main sur nous, mais ils savent se faire respecter et mon père, a le don de manipuler les mots, afin de nous faire comprendre ou est notre erreur de jugement, lorsque c’est le cas.

Quelques années plus tard, voilà ma venue au monde, moi, Tyler. Mais je ne suis pas venu seule, car j’ai une sœur jumelle, ma copie conforme en féminin. Elle se nomme Lily, elle aussi est blond platine, avec de jolis yeux bleus. Vu la croyance de ma mère, il n’a jamais été question de prendre un contraceptif ou encore d’avorté. Et lorsqu’elle fut enceinte, les échographies étaient comme à proscrire, donc ce fut une grande surprise quand moi et ma sœur, nous sommes arrivés.

Notre présence a chamboulé le quotidien de toute la famille, car un enfant à élever, c’est assez facile, mais deux, ça demande beaucoup plus de travail. Mais notre mère est courageuse, car même avec l’aide de notre père, c’est elle qui a fait le plus gros du travail.

Surtout que très vite, j’ai été décelé comme un enfant HPI (personne à Haut Potentiel Intellectuel). Même si beaucoup pensent que c’est génial d’être HPI, car j’ai une facilité à apprendre, mais on en oubliait les contraintes. Effectivement, j’ai de très grande facilité pour apprendre, comme pour mes études, mais j’ai un besoin constant d’apprendre, parfois des choses qui n’ont aucune importance aux yeux de simples mortelles. Comme les six langues que je maîtrise alors que je n’en ai pas l’utilité, car je ne compte pas aller dans ses pays. Mais j’en avais envie, j’avais le temps d’apprendre, donc je me suis occupé en étudiant. Bizarre non ? Il n’y a pas que cela, car entre les tocs, les phobies et la sensibilité que j’éprouve, je m’en serais bien passé. Mais je suis le seul de la famille à être ainsi, donc par chance, mes parents n’avaient que moi à gérer. Cependant, il parait que ce gène peut se transmettre, donc si j’ai un jour un enfant, il peut être aussi HPI.

Si Dylan était assez réservé sur sa vie en général, moi et ma sœur, nous sommes de petites rebelles. Toujours en train de se chamailler, de vouloir chercher à défier l’autorité de notre père, mais la messe du dimanche était devenue pour moi, comme une corvée.

Au début, je vouais une admiration sans faille en mon père, un homme d’église, qui a toujours raison, qui sait ce qui est bien pour nous. C’était facile de vivre derrière cet homme qui est connu de beaucoup de monde, qui est admiré. Mais devoir toujours être l’enfant parfait, c’est difficile, car tout le monde nous surveille. Chaque fait et geste, sont épiés, si on a le malheur de faire quelque chose de “mal”, notre père est vite au courant. Jamais il ne nous a frappés, mais il n’a pas besoin de ça pour faire régner le respecté dans la famille.

Mais j’ai changé. À l’adolescence, je deviens un “mauvais fils”, du moins, c’est ce que je pense, car si j’écoute les paroles de mon père, aimé un autre garçon, le désiré, c’est mal. Ses pensées impures, je les ai reniées durant des années. Je cache à ma famille ce désir malsain, cette attirance pour les hommes et c’est à cause d’elle, que j’ai arrêté de croire aux paroles de mon père.

J’avais 14 ans quand j’ai compris que j’étais attiré par les garçons. Vu mon éducation, je n’étais pas le genre à aller embrasser les filles justes pour m’amuser, mais j’ai vite remarqué que ce n’est pas elle que j’avais envie d’embrasser, mais plutôt un de mes copains. Bien sûr, je ne l’ai jamais fait, si mon père l’apprend, je serais renié et mis à la porte. Ou pire, envoyer dans une école pour faire “disparaître ce démon en moi”. J’ai donc caché ce désir à ma famille, à mes amis.  

Mais à l’âge de 17 ans, alors que je sortais avec un groupe d’ami, sans ma sœur, sans présence de mon grand frère, j’ai cédé à la tentation. Ce garçon, venu d’une autre ville, qui était là de passage, il était beau, plus vieux que moi, mais terriblement séduisant. J’ai goûté à ses lèvres et c’est ce soir-là, que mon corps à pris du plaisir avec des lèvres d’un parfait inconnu. J’avoue que ce n’était pas le lieu pour ça, mais on s’était isolé, caché et je ne regrette pas, car grâce à lui, j’ai compris quel genre de vie de voudrai.

Je ne voudrais pas d’enfant, pas de famille. Du moins, pas une vie comme mes parents le souhaiteraient, mais ils l’ignorent. Petit à petit, je me suis éloigné de la maison familiale, pour mes études en médecine, mais prendre mon indépendance m’a aussi permis d’avoir une vie comme je le souhaite.

Avec mon HPI, j’ai sauté des classes et je suis vite devenu infirmier. Mais quand j’ai pu avoir mon propre appartement, mes parents ne sont pas très contents, car je ne viens plus à la messe du dimanche, et quand je fais acte de présence, je suis mal à l’aise, car je sais que je n’ai pas ma place, moi le prêcheur au désir malsain. Si mes parents, mon frère savaient pour ce désir impur, ils ne me pardonneraient pas. Ma sœur, je crois qu’elle se doute de quelque chose, mais entre elle et moi, pas besoin de grand discourt, on se comprend avec un simple regard.

Mon métier d’infirmier est arrivé très vite à moi. J’ai toujours eu envie d’aider mon prochain, j’ai fait beaucoup de bénévolat dans mon adolescence, mais le corps médical, connaître le squelette, le fonctionnement du corps humain était fascinant. Je pourrais peut-être partir dans des études plus poussées, mais je me suis arrêté sur le métier d’infirmier. Je travaille aux urgences comme infirmier et j’avoue qu’être au contact de personne malade, blessé, chacun avec une particularité et un challenge que j’aime. Même si parfois, je suis bloqué par mes tocs, comme ma sensibilité. Je déteste les odeurs fortes, qui entêtent, je n’aime pas être touché, sauf si j’aime la personne qui pose la main sur moi, et j’avoue que dans mon entourage, il n'y a peu de personnes que j’accepte ce genre de proximité. Mais je prends sur moi, j’arrive à m’isoler, sur le toit de l’hôpital, ou dans un des escaliers, histoire que j’arrive à me calmer, à passer outre ce sentiment d’inconfort. C’est sans doute aussi pour cela que je suis encore vierge à mon âge. Je suis plus agile avec mes lèvres et mes mains, qu’avec le reste de mon corps. Je n’aime pas être touché et ça vaut aussi pour ma vie intime. Je n’ai pas encore trouvé l’homme qui passera la limite que je m’impose.

Moi qui ai une vie bien rangée, propre sous tout rapport, je cache bien des choses. Autres que mon homosexualité. J’ai découvert que j’aime danser et c’est en allant un soir, avec des collègues, dans ce cabaret, le “Pinky’s Cabaret”, que j’ai eu envie d’essayer. Sous le maquillage, sous un masque, sous une tenue de scène, je ne suis plus le même. J’aime me déhancher, me dandiner sur scène, avec d’autres hommes, parfois de façon suggestive, érotique, mais ça s’arrête là. J’aime allumer, attiser l’attention d’homme et de femme, venu pour passer la soirée. Dans ce lieu, on m’appelle “Baby”, je suis le blondinet aux yeux bleus aux lèvres pulpeuses, j’aime porter des masques, des boas en plumes, mais aussi des tenue érotiques qui en temps normal, ne font pas partie de mon dressing.  

J’assume ce métier, cette double vie même si je ne parle à personnes de ce second métier. Que ce soient mes collègues à l’hôpital, ou mes amis proches, personnes ne sait que je travaille dans le cabaret. J’aime avoir mon propre jardin secret, car dans ce lieu, j’ai la sensation d’être libre, d’être moi-même.