A son retour à Kanab, Ryley s'était dit qu'il aurait du mal à se faire de nouvelles connaissances. A son âge, on ne se faisait plus des amis tous les jours, et même si ses collègues étaient sympas, il n'y avait personne qui ressortait du lot. De toute façon, la plupart des gens le trouvait étrange... Alors que lui, il ne voyait pas vraiment en quoi il pouvait être bizarre ! Même son frère, Dorian, s'y mettait ! Bon d'accord, ce n'était pas tous les jours qu'on croisait un medium, et l'inconnu pouvait susciter craintes et questionnements.
Malgré tout, il avait rencontré des gens formidables depuis son retour dans cette petite ville de l'Utah, à commencer par le fils d'une patiente, Vito. Le hasard les avait mis l'un sur le chemin de l'autre et ils avaient immédiatement accroché ! Si bien qu'ils s'étaient donné rendez-vous ce jour pour aller courir ensemble avec leurs chiens. C'était un bon moyen de faire d'une pierre trois coups : voir un ami pour papoter, faire sa séance de course à pied et sortir le chien. Lorsque l'on était père de trois enfants et qu'on avait pour métier le secourisme, il fallait bien innover débloquer un peu de son temps. D'autant plus que, pour son ami Vito, la vie n'était pas simple non plus, et il devait enchaîner deux jobs pour tenir la barre ! Autant dire qu'aucun des deux hommes n'avait beaucoup de temps pour lui !
Il enfila les vêtements qui lui passaient sous la main, à savoir un short de couleur bleu et un t-shirt rose fluo. Il se fichait pas mal de ressembler à un clown.
Ryley avait bien un harnais spécial pour Coca et lui-même, qui permettait de ne pas avoir à tenir la laisse de l'animal, bien pratique pour aller courir, mais il préférait laisser le labrador en liberté. La famille l'avait parfaitement éduqué, et à Kanab, ce n'était pas une grande ville dangereuse, alors le secouriste ne craignait pas trop pour sa sécurité. Comme ils allaient courir dans la nature aux alentours de la ville, c'était encore moins nécessaire, toujours d'après lui, de retenir Coca. Il avait quand même enfilé le harnais, au cas où il aurait besoin de le rappeler, ou s'il y avait beaucoup de monde dans le coin.

Alors qu'il s'approchait du lieu de rendez-vous, ce fut d'abord Coca, qui battant follement de l'arrière-train, fendit comme une folle pour aller retrouver sa copine Vénus et lui renifler le derrière tout en jouant et en faisant la fête. Ryley suivit derrière, le sourire aux lèvres. « Hey ! » salua-t-il son ami, venant le serrer cordialement dans ses bras. « Comment tu vas ? Pas trop fatigué ? » demanda-t-il ensuite, s'écartant un peu et caressant les deux chiens qui étaient venus vers lui.

Ryley regarda les deux chiens venir se saluer à leur façon, avec le sourire. C'était toujours agréable de voir Coca venir jouer avec sa copine Vénus. Les animaux étaient fantastiques et Ryley ne regrettait vraiment pas d'avoir adopté un animal de compagnie. Au départ, entre les enfants et le chien, c'était un peu compliqué, mais on prenait vite le pas, et voilà qu'il avait un nouveau compagnon sur qui compter. Vito avait l'air aussi de prendre grand soin de sa chienne... Elle devait être sa plus grande amie et une constante dans sa vie, cela se voyait.
« Je comprends... Beaucoup de travail ? » demanda-t-il ensuite. Il savait que son ami galérait et devait cumuler deux emplois pour s'en sortir. D'ailleurs, à ce sujet... Il fouilla ses poches, et en sortit un billet de cent dollars. « C'est pour toi. J'ai été payé généreusement pour une séance de medium par l'un de mes anciens clients... » expliqua-t-il simplement. Celui-ci avait absolument voulu lui donner plus que de raison, et Ryley avait fini par accepter. D'habitude, il ne prenait pas une telle somme, mais il avait déjà fait tant de sessions gratuites que son client avait voulu le remercier en lui offrant cent dollars d'un coup. « Tu sais que c'est un petit bonus pour moi, je n'en dépends pas. Ca m'est égal. Alors je me suis dit que je pourrais t'en faire cadeau. Comme ça, tu pourras poser une journée de congés pour t'occuper de ta mère et passer du temps avec elle. Comment va-t-elle, en fait, en ce moment ? » demanda-t-il ensuite. Il trouvait cela très beau, le courage de Vito, et la façon dont il prenait soin de sa mère. Ryley n'avait pas eu la chance d'avoir des parents sur qui compter.
« Moi, je vais bien. C'est la routine ! Je commence à m'adapter à mon poste ici... mais je pense que mes collègues me trouvent bizarres... » expliqua-t-il. « J'ai été faire une randonné avec mon frère, la dernière fois, et on s'est fait courser par une bête... » ajouta-t-il en riant. « En parlant de se faire courser, on y va ? » demanda-t-il, invitant à commencer le jogging doucement.