péril | Izaiah

péril
ft. @Izaiah Turner  

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il y a de l’animation, dehors. assis derrière le comptoir, laurent laisse ses yeux se perdre sur les aller-retours incessants devant la vitrine, une expression désintéressée collée au visage. pourtant, ça capte son attention avec assez de curiosité pour qu’il se perde dans l’agitation. il doit se passer quelque chose, vaguement pensé sans qu’il ne s’en mêle réellement. il pourrait se lever, prendre l’excuse d’une cigarette pour se planter devant l’entrée, l’air de pas y toucher. prendre sa pause, sortir acheter quelque chose à manger. des prétextes pour déserter, il en a quelques uns sous le bras, pour ce genre d’occasion - mais les uniformes qui apparaissent au coin de la rue à temps régulier lui coupe l’envie d’aller s’y aventurer. il faudrait qu’il cache le joint qui pend négligemment au coin de ses lippes, et qu’il trouve un moyen de masquer l’odeur - à y réfléchir, il n’est pas assez motivé pour se lancer là dedans. alors il continue de ne rien faire, le nez planté vers le verre, la respiration calme au rythme de la combustion lente de l’incandescente. au moins, ça occupe sa journée. ce qu’il n’avait pas imaginé, cependant, c’est que sa tranquillité serait troublée par l’un de ceux qui fouinaient au loin. ceux avec l’uniforme bleu foncé et cette plaque brillante agrafée sur le torse. merde. ça l’arrange pas vraiment, qu’il soit là - pas que la présence l’inquiète plus que ça, mais il se passe volontiers des discours moralisateurs tout fait que les flics distillent par obligation morale. et ça, c’est quand ils ne sont pas d’humeur à le verbaliser. il doit être beau, son casier - même s’il n’a aucune foutue idée de ce qui est marqué dedans - est-ce qu’ils prennent vraiment le temps d’y indiquer des choses aussi peu importantes qu’une consommation d’herbe ? une moue peu convaincue s’affiche sur son visage de poupée. il est trop tard, de toute façon, pour faire quoi que ce soit. alors il ferme les yeux, détaché, avant de les poser sur lui. « bienvenue au moonlight store, je peux vous aider ? » d’un geste élégant, il attrape sa cigarette, en tapote l'excédent dans un cendrier, avant de la recoller entre ses lèvres. avec un peu de chance, il a le nez bouché.

péril
ft. @Laurent Detrova  

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La journée promet d’être longue. A peine une heure plus tôt, le poste de police a reçu un appel, un vol à main armée dans une bijouterie dans Pearl District. Aussitôt, Izaiah et ses collègues se sont mit en route. Arrivés bien trop tard, les voleurs se sont déjà envolés. Et voilà la procédure habituelle qui se met en place. Interroger les passants, les vendeurs, toutes personnes qui pourraient avoir des informations utiles pour la suite de leur enquête. Ils commence par interroger les témoins présent dans la dite boutique. Izaiah laisse l’un de ses collègues s’en charger, commençant l’interrogatoire dans la rue, auprès des quelques passants qu’il trouve. Sans grand résultat. Encore et toujours la même question, qu’il répète, inlassablement, au point de la sortir sans même y penser. Les témoins sont peu nombreux, les indices presque inexistants. Cette affaire ne va pas se régler aussi facilement qu’il l’aurait espéré. Trois boutiques plus tard, il est toujours au point de départ. C’est à dire nul part. Un soupire agacé, il pénètre dans la prochaine boutique. Aussitôt, ses narines sont agressées par une odeur qui fait remonter de vieux démons. Le souvenir de cette période sombre de sa vie, qu’il a enfouit depuis bien longtemps, lui fait perdre momentanément le fil de ses pensées.

Il se souvient de cette période de son adolescence, du petit con qu’il était. Parfois, lorsque les souvenirs remontent comme aujourd’hui, il se demande ce qu’il serait devenu si son beau père ne lui avait pas tendu la main. Aurait-il succombé suite à une overdose? Ou serait-il simplement l’ombre de lui même? Il l’ignore et préfère ne pas l’imaginer. Plus de dix ans qu’il n’a plus touché à la moindre drogue, quelle qu’elle soit.

-Vous savez que c’est interdit?

Nul doute qu’il le sait, il ne semble pas s’en inquiéter pour autant. Retenant un soupir, Iza se souvient ce pourquoi il est entré en premier lieu.

-Un vol a eu lieu dans la bijouterie d’à côté un peu plus tôt dans la matinée, vous n’avez rien vu ou entendu de suspect?

Il doute d’avoir plus de chance que dans les dernières boutiques mais sait-on jamais, il peut toujours espérer. Difficile de retrouver les coupables sans la moindre piste… Il espère au moins que ses collègues auront plus de chance avec les propriétaires de la bijouterie.

péril
ft. @Izaiah Turner  

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Il le sent, laurent, le frisson irrésistible de l'insolence qui lui remonte l'échine, l'adrénaline du foutage de gueule qui lui chatouille le nez. Il se demande, l'espace d'un instant, ce qui motive le plus son mauvais caractère à se manifester - alors les yeux se plantent, patiemment. Remonte une jambe, quitte l'arme à la ceinture pour terminer sur cette mâchoire carrée. L'uniforme, sûrement. Il n'est pas là pour lui, c'est encore plus amusant de lui faire perdre son temps. « Le vol ? Oui, je sais que c'est interdit. » Un sourire étire ses lippes alors que l'iris agaçant rejoint la pupille agacée. Il peut lire entre les lignes du discours tout fait servi par le brun qu'il l'a déjà répété une dizaine de fois. Il pourra toujours le ressortir chez le voisin. « Oui, j'ai vu quelque chose de suspect. » Il se redresse, quitte sa chaise haute pour se pencher un peu plus sur le comptoir, comme s'il voulait se confier. Coudes appuyés, cigarette entre deux doigts, il parle plus bas. « Un groupe d'hommes en uniforme, au coin, là bas. Ils ont l'air de roder. » Nonchalamment, il désigne ses collègues d'une phalanges tendue, avant que sa main ne retrouve le bois. « Je suis sûr qu'ils n'étaient pas là, hier. » Ça, ça va t'aider, ducon, les mots tellement plaqués sur le visage qu'il n'a pas besoin de les prononcer pour que son interlocuteur en capte les subtilités. « Ils sont habillés comme vous, vous les reconnaitrez facilement... mais je peux vous faire un dessin, si vous préférez. » Le sourire s'agrandit, presque charmeur, avant qu'il ne pointe la porte du menton, ne l'invite à s'en aller. « Je vous propose pas de tirer sur mon joint, mon petit doigt me dit qu'y a les flics pas loin. Je voudrais pas que vous vous fassiez arrêter. » Le geste en appui, il inspire la fumée sans le quitter des yeux. Ça lui démange presque les poignets de se faire arrêter.

péril
ft. @Laurent Detrova  

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S’il y a bien une chose dont Iza est certain en entrant dans la prochaine boutique, c’est qu’il ne va rien tirer du vendeur. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’il préfère se payer sa tête plutôt que de se révéler d’une quelconque aide. Le voir ainsi jouer au plus malin avec un flic fait remonter de vieux souvenirs chez Iza, un autre gamin, bien plus jeune, qui tout comme l’homme en face, n’était pas du genre à se montrer conciliant avec les agents. Il chasse ce souvenir d’une adolescence depuis longtemps oubliée, se concentrant sur le vendeur qui continue son petit manège. De quoi profondément agacé l’agent qui serait presque à deux doigts de l’embarquer, aussi bien pour refus de coopérer dans le cadre d’une enquête officielle que pour le joint qu’il n’a pas lâché malgré sa présence, une provocation de plus. Iza ne connaît que trop bien les gamins comme lui. Il ignore son âge mais il ne semble pas avoir plus de la vingtaine. Depuis qu’il est devenu flic, des gamins comme lui, il en a vu. Des bien plus paumés, bien plus agressifs. Il leur a tendu la main, parfois en vain. Mais avec celui là, il ne compte même pas essayé, ce serait peine perdu. Il suffit de voir à quel point ce petit jeu l’amuse.

-Bravo, quel humour, j’en suis tordu de rire.

Il doute d’arriver à obtenir quoique ce soit de ce gars, il semble bien trop prendre plaisir à se foutre de sa gueule, de quoi irriter l’agent qui se retient fortement de lui ôter ce sourire narquois du visage. A son tour, il se penche vers le comptoir, le regard sévère bien qu’il doute que ça ne fasse ni chaud ni froid au vendeur.

-Maintenant écoute moi bien. Tu ne veux pas de présence ici? Soit. Continue de jouer et je te coffre pour refus de coopérer et pour consommation de substance illicite. Plus vite tu me diras si oui ou non tu as vu quelque chose, plus vite on pourra chacun retourner à nos affaires, compris?

Il le sent venir, le second foutage de gueule, au point qu’il se retient de le saisir par le col. Il tient à son job et ne souhaite pas se retrouver dans la merde à cause d’un petit con qui prend plaisir à se foutre de la gueule des flics.