Ca n'a rien de personnel (Peyton)

La dernière prière fut émise puis chacun repartit de son côté, dont une partie en larmes. Lawrence patienta que le moment fut arrivé afin de pouvoir terminer le travail qui lui était consacré et remettre la plaque de la tombe en place. Le vent s'était légèrement soulevé et les températures chaudes de cet été commençaient à redescendre peu à peu. Néanmoins, si Lawrence était bien accoutré à ce moment là, c'était surtout pour la cérémonie d'enterrement qui venait de se clôturer. Une habitude qu'il avait prise depuis qu'il avait pris ce boulot et qu'on l'avait formé. Il n'y avait pas grand chose à retenir, ce job, un peu tout le monde pouvait le faire, fallait il seulement avoir le coeur accroché et savoir mettre ses sentiments de côté pour pouvoir l'assurer. Ce n'était pas donné à tout le monde, mine de rien.

A la fin, il décida de rentrer par chez lui au lieu de se rendre au buffet organisé par la famille. Il y avait été convié, comme presque à chaque fois, sauf qu'il avait poliment décliné, préférant se vouer à d'autres occupations. Il n'avait pas spécialement la foi de se mêler à des inconnus en faisant semblant de partager leur tristesse.
Le voilà alors à prendre une douche et enfiler une tenue un peu plus décontractée. Il voulut se prendre une bière et se poser devant la télévision, mais il s'aperçut en ouvrant le frigo qu'il n'y avait plus rien à l'intérieur. Même un simple sandwich, il ne pouvait se le permettre. Non pas qu'il n'avait pas les moyens, non, mais parce qu'il n'avait pas repensé à garnir le frigo. Il y avait bien quelques cup noodles dans les étagères mais rien pour l'occuper. Quoique... Il aurait pu mais il n'avait guère envie de cela maintenant. Finalement, il aurait peut être dû accepter de venir au buffet, il aurait au moins pu profiter de la nourriture et du vin gratuitement.
Alors il prit la décision de sortir et se mêler indéniablement à la population de Kanab. Il avait laissé ses marcels au placard et avait finalement arboré une chemise verte kaki par dessus un jean noir et n'oublia pas sa veste en cuir avant d'enfourcher sa moto. Il ne partit toutefois pas avant d'avoir rempli la gamelle d'eau du chien qu'il avait indirectement adopté puisque l'animal appréciait amplement sa compagnie. Deux solitaires qui se trouvaient, finalement, ils se complétaient.

Ce fut au Redstone qu'il s'arrêta devant et il se rendit compte sans étonnement qu'il n'allait pas être le seul à l'intérieur. C'était probablement l'endroit qu'il fréquentait le plus de cette ville -en dehors du cimetière mais ça, il ne pouvait pas y échapper- et lorsqu'il entra à l'intérieur par les deux portes qui rebondirent, quelques têtes curieuses se levèrent pour le dévisager avant de se préoccuper à nouveau du match de football américain qui était en train de passer sur l'écran du fond. Lawrence s'approcha du comptoir, commanda un whisky et vint se poser sur une table libre, loin de la petite foule aux aguets du match. Il posa les jambes sur la table et décida d'adopter une position décontractée, son chapeau devant les yeux. Il se sentait bien, là.

Ton chiffon imbibé de produit  glisse sur la surface en inox, terminant ta journée, tu sens tes jambes s'alourdir, rester debout toute la soirée n'est pas toujours aisée, mais tu n'as pas à te plaindre, les serveuses qui courent dans tous les sens chaque soir ne demandant pas leur reste en fin de journée. Tu as la chance de faire ce que tu aimes, d'être passionnée par ce travail, chose que peu de personnes ne font, souvent par la force des choses, on en vient à prendre le premier job venu, tu as connu ça quand tu as fui ta ville et ta famille, échappant à l'emprise d'un père qui vivait encore dans une époque où la femme n'était qu'un objet. Tu ne regretteras jamais ce choix, tu as commencé à réellement vivre quand tu as fui l'hôtel vêtu de ta robe d'un blanc impeccable. Tu repousses une mèche de ta chevelure qui vient te chatouiller le nez, tandis que tes collègues te saluent un à un, tu es de fermeture de la cuisine ce soir. Les lumières s'éteignent dans la salle tandis que tu te débarrasses de ton tablier et de ta toque de cuisinier.

Tu enfiles ton manteau et tu fermes les cuisines définitivement. Le vent se lève doucement et tu resserres tes vêtements contre toi, avant de t'élancer dans les rues de la ville. Tu as pris l'habitude de marcher pour aller à ton travail, cela représente un petit trajet, mais tu aimes bien te dégourdir les jambes après une soirée à piétiner. Comme tous les soirs tu prends le même chemin, sauf un soir où tu as eu la brillante idée de changer de direction pensant pouvoir raccourcir ton trajet, une idée bien stupide. Tu as cherché à couper par le cimetière, la nuit tombait doucement et tu n'as pas vu cette branche, les pieds dedans tu as terminé ta course dans un trou. Tu te sens heureuse qu'il n'y ait pas eu de cercueil a l'intérieur, tu aurais été bonne pour une thérapie et tu aurais encore plus honteuse que tu ne l'étais déjà. Tu as dû appeler à l'aide, impossible pour toi de remonter vu la hauteur. Un beau brun est venu te porter secours, en plus de cela il a soigné tes mains qui étaient abîmées suite à ta réception plutôt médiocre. Tu te souviens t'être excusé plusieurs fois de ta maladresse, n'ayant pas vraiment perdu de temps à décamper, trop honteuse pour le coup. Tu as tout de même pris le temps de t'excuser auprès de l'homme en question, qui tu penses, était soit quelqu'un venu rendre hommage à un proche ou un employé du cimetière, tu n'as pas vraiment demandé finalement. C'est certainement la situation la plus honteuse que tu aies eue de ta vie, tu n'es pas près d'oublier ton idée de raccourci.

Le vent se lève de plus en plus et rapidement tu sens des gouttes d'eau perler sur tes joues, tu accélères le pas sentant que la pluie se faisait de plus en plus dense, tu décides de te mettre à l'abri, n'ayant pas de parapluie ou de capuche sur ton manteau. Tu entres dans le premier bar que tu trouves, afin d'échapper à l'averse qui tombe d'une traite au moment où tu passes la porte. Tu as eu de la chance pour le coup. Quelques têtes se lèvent quand tu entres, tu te figes quelques secondes, puis tu te diriges vers le bar, quitte à être ici autant boire un verre. Tu commandes une vodka, et tu attrapes ton verre cherchant une table de disponible, forcément aucune de non occupée, tu choisis donc celle où un homme le visage couvert par son chapeau et les pieds sur la table c'était installer, mais c'était l'une des rare qui n'était pas bondé. "Excusez moi je peux m'installer ici?" Tu demandes ton verre à la main. Quand l'homme relève la tête tes yeux s'agrandissent, évidemment, fallait que tu tombes sur le seul être dans cette ville qui t'a vu te rétamer comme une championne dans un trou destiné a un cercueil. " Ho salut." Tu ajoutes, tu es dans un sens contente de le revoir, il avait été très sympa avec toi, mais de l'autre tu sens la honte de votre première rencontre revenir doucement.

En se posant ici, Lawrence avait réellement cru ne pas être dérangé, d'autant plus qu'il avait la posture qui indiquait qu'il se relaxait et qu'il ne souhaitait pas qu'on l'embête. Il aurait bien fait un petit somme, c'était ainsi qu'il était parti même. Mais une voix féminine le tira de sa léthargie, ce qui le fit presque sursauter. En réalité, il fut assez abasourdi, et le temps d'un instant, il avait pensé s'être redressé pour rien, parce que cela aurait été son voisin de table à qui on s'adressait. Mais en redressant le chapeau sur sa tête, il s'aperçut de la présence de la silhouette de la propriétaire de la voix et il la reconnut aussitôt.
Il l'avait rencontrée un soir où elle avait décidé de passer par le cimetière et s'était vautrée dans un trou que son binôme n'avait pas eu le temps de refermer derrière lui. Ce genre d'accident qui le hantait à titre personnel parce qu'il se démenait chaque fois pour que cela n'arrive pas. Après tout, ils risquaient gros si un malheur était amené à se produire aussi, il ne plaisantait pas sur ça. Il aurait pu s'en foutre, mais lui qui tenait à rester discret, il n'avait pas envie de blaguer avec ça. Heureusement, rien de trop grave n'était arrivée à la pauvre femme, il l'avait aidée à se tirer de là en un rien de temps, avait pris soin de soulager ses blessure avant de la laisser repartir une fois que ça allait mieux. Le genre de rencontre un peu soudaine et qui sortait de l'ordinaire, il fallait le dire.

Et puis, la revoilà devant lui, comme si le destin s'acharnait à la retrouver. Fallait dire aussi, Kanab n'était pas une grande ville, ici tout le monde se connaissait de près ou de loin et il avait pu s'en rendre rapidement compte. Après tout, il était habitué à des populations bien plus denses, et goûter aux petites contrées était chose nouvelle pour lui.
Alors, il ôta ses jambes pour adopter une posture assise plus convenable avant de reposer son regard sur Elle.
- Oh mais bien sûr, installez vous....
Il laissait en suspens sa phrase afin d'obtenir son prénom qu'il ne se souvint pas avoir demandé lorsqu'il avait pris soin d'elle ce dernier soir au cimetière. L'occasion sans doute de pouvoir apprendre à la connaître. D'ailleurs, il se rendait compte au doux son qu'elle produisait que la pluie déferlait à l'extérieur et que l'infortune femme était encore mouillée, sans doute surprise par la tombée de cette dernière.
"Vos mains se portent elles mieux?" demanda t-il peu après d'une façon polie, puisqu'à présent, le voilà en nouvelle compagnie.

Tu te doutais bien que tu le croiserais de nouveau Kanab n'est pas une ville très grande, c'est d'ailleurs pour cela que tu as choisi de t'installer ici d'ailleurs, ça te change des grandes villes que tu n'appréciais pas. Tu te sens mieux ici, du moins pour le moment, même si tu ne connais pas encore beaucoup de monde, tu passes ton temps au travail ou chez toi, tu n'es pas une très grande fan de sport et tu n'as pas encore trouvé d'activité en dehors de ton travail. Pour le moment ta solitude te convient bien, même si tu sais parfaitement que tu auras besoin de sortir de ta bulle a un moment ou un autre. Tu vas probablement avoir l'occasion de rencontrer plus de monde quand ta mère arrivera en ville, aux dernières nouvelles, elle était en plein divorce avec ton père et tu sais que batailler avec ton paternel n'est pas une chose facile, il peut se montrer très tenace, un vrai requin.  

Le brun sursaute quand tu t'adresses à lui, signe qu'il ne s'attendait pas du tout à avoir de la compagnie et toi tu ne t'attendais pas à ce que ce soit LUI assis à cette table. Vous êtes tous les deux autant surpris l'un que l'autre, cependant, toi qui t'attendais à te faire congédier, il se redresse et t'autorise à t'installer à sa table. Tu souris. " Peyton, je m'appelle Peyton." Tu te présentes comprenant qu'il cherchait ton prénom, chose que tu ne lui as pas donnée lors de votre première rencontre. Tu n'as d'ailleurs pas dit grand-chose mis à part des plates excuses, du moins tu as tenté de les dire, tu as plus bafouillé qu'autre chose. Couverte de terre et les mains en sang, sympa comme première rencontre. Pour votre deuxième rencontre tu te présentes à lui, les cheveux mouillés et en bataille, pas mieux. Ton côté charme et glamour tu t'en fiches un peu, mais tu ne fais pas une superbe impression.

Tu t'installes à la table, posant ton verre devant toi, retirant ton manteau trempé pour le mettre à sécher sur le dossier de ta chaise. " Elles vont mieux merci." Tu réponds en regardant tes mains, tu as encore quelques traces, mais dans quelques jours cela ne paraitra plus du tout et tu pourras mettre cette histoire de trou derrière toi. " Je suppose que ça ne doit pas être tous les jours que les gens se cassent la figure dans un trou dans un cimetière." Tu ris doucement, prenant cet incident avec humour, au final, personne n'a été blessé, rien de grave en soi. " Je suis désolée d'être partie aussi rapidement, je n'étais pas très fière de mon exploit." Tu souris de nouveau, tu attrapes ton verre et tu en bois une gorgée.

Habituellement, il se fichait pas mal de savoir le nom des gens avec qui il communiquait. Mais parfois, il devait admettre que cela était utile. Même s'il ne comptait pas rester sur Kanab trop longtemps, rien ne l'empêchait de se faire quelques contacts par ci par là et ne pas vivre en ermite absolu, totalement reclus dans son mobil home. Au début, il pensait que ce serait ainsi qu'il se comporterait, parce qu'au moins comme ça, il n'attirerait pas trop l'attention sur lui, mais il s'était rendu compte aussi que ce n'était pas toujours la bonne stratégie puisque ça pouvait éveiller la curiosité de bon nombre de gens qui pourrait le trouver louche. Alors il s'était un peu ouvert, à peine à vrai dire. Juste ce qu'il fallait. Il était nouveau ici après tout, il savait que les langues pouvaient vite se délier.
Mais il y avait aussi de nouvelles personnes, comme lui. La voilà qui répondait au prénom de Peyton. Il arqua un sourcil lorsqu'il l'entendit, le notant ainsi dans un coin de sa mémoire. "Peyton donc. Enchanté, officiellement."
Dans la mesure où lors de leur dernière rencontre, ils n'avaient échangé que de bavardages futiles, à présent, leur retrouvaille était un poil plus personnel. Rester silencieux l'aurait gêné, et il en était probablement de même pour elle. C'était ça aussi, la magie de ce genre d'endroit, on pouvait démarrer des conversations à des gens qu'on avait jamais vu de sa vie et ça allait tout seul, d'un fil très naturel.
Peyton lui répondit qu'elle se portait mieux suite à sa chute et plaisanta sur cette dernière. Lawrence eut un sourire dans le coin de sa bouche, puis il recueilli ses excuses d'être partie trop rapidement.
- Je pense que ça arrive plus qu'on ne le pense en tout cas. Mais en ce qui me concerne, c'était bien la première fois, effectivement.
Il prit une petite poignée de cacahouète qu'il se mit à croquer allègrement. "Pas d'excuse à me donner, vous ne me deviez rien. J'ai agis parce qu'il fallait le faire, je n'allais pas vous laisser dans ce trou jusqu'à ce que mort s'en suive."
Il émit un bref rire avant d'ajouter : "Vous êtes du coin? Je ne vous avais pas encore croisée. Et je ne pensais pas le faire à nouveau, à vrai dire...!"
Lawrence avait mis son côté maussade au placard le temps de cette conversation. Et il devait admettre que ça faisait du bien de pas se montrer asocial en permanence. Il tenait à ne pas trop entrer dans son intimité parce qu'il estimait que ça ne le regardait pas et il n'avait nullement envie de recevoir les même questions en retour.

Tu hoches la tête doucement lors des présentations, notant que le bel homme ne te donne pas son prénom pour autant. " Et vous êtes?" Tu demandes en souriant, après tout tu as le droit de mettre un prénom sur le visage de cet homme, lui qui pouvait placer un prénom sur ton visage. Une fois installée tu te sens un peu plus sereine, tu n'as plus l'habitude de faire des rencontres, il y a bien longtemps que cela t'était interdit, du moins à l'époque où ton père contrôlait toute ta vie, ainsi que ton futur mari, tu n'avais pas la permission de discuter avec n'importe qui et les seules fois où tu te devais de le faire c'était pour "charmer" des potentiels clients de ton père, tu devais être polie et souriante, même quand la plupart d'entre eux te regardaient comme si tu étais une marchandise que l'on pouvait acheter, quand tu y repenses un frisson te parcourt dans le dos, même si tu n'en montres rien.

Tu joues avec ton verre, faisant tourner l'objet avec tes doigts. " Eh bien, merci de ne pas m'avoir laissé mourir là-dedans." Tu plaisantes doucement. Il n'y aurait pas eu grand monde à venir à tes obsèques, mis à part ta mère, le trou étant déjà fait, cela aurait pratique, on aurait pu recouvrir ton corps dans une grande discrétion que personne n'aurait posé des questions, sauf encore une fois ta mère, bien qu'elle chercherait une aiguille dans une botte de paille. Tu n'as pas de réel contact ici, pas d'amis à proprement parler. Tu es juste une femme parmi tant d'autres, la voisine discrète, la collègue qui fait son boulot et qui ne cause pas trop, c'est tout ce que l'on pourrait dire de toi. C'est un peu triste finalement, mais au moins ton but de passer inaperçue et de ne pas te faire remarquer afin de ne pas être retrouvée est atteint.

"Effectivement je ne suis pas du coin, je suis arrivée il y a peu de temps." Une arrivée au beau milieu de la nuit, cherchant encore a te faire discrète, même si le voisinage te regardait étrangement au départ, toi que personne n'a vu arriver, cette étrangère arrivée de nulle part qui s'installe à une heure aussi tardive, mais tu sens qu'ils s'apaisent, tu ne fais jamais de vague, tu ne dis jamais rien, toujours souriant et poli. Certains, te scrutent encore étrangement, cependant, dans l'ensemble, tu n'as pas à te plaindre, on te laisse tranquille. "Kanab est une petite ville, j'imagine que se croiser de nouveau aurais été inévitable." Tu ajoutes doucement. " Vous êtes ici depuis longtemps?" Tu demandes plus pour faire la conversation qu'autre chose, tu te vois mal le regarder dans le blanc des yeux dans un silence gênant.

Lawrence ne s'était pas attendu à avoir de la compagnie, lui qui évitait de le faire en général. Pourtant, le fait que cette femme soit venu à sa rencontre ne l'embêtait nullement. Et puis, le fait de leur rencontre était assez amusante avec le recul, une histoire "oubliée" mais qui avait décidément marquée. Alors qu'elle avait donné son nom, elle ne lui avait pas demandé le sien, aussi il ne l'avait pas donné, pensant que ça n'était peut être pas utile. Mais finalement, elle le lui demanda tout de même et il hésita sur le coup. Comme il hésitait à chaque fois qu'il devait divulguer son identité.
- On m'appelle Law, la plupart du temps, dit il d'un ton un brin amusé et enthousiaste, d'un sourire calme mais présent. Law, comme la loi. Il n'avait rien d'un juge pourtant, ni même d'une quelconque forme d'autorité dans ce bas monde. Petit, il s'imaginait être un cowboy comme un bon nombre de jeune garçon de son âge, et puis les rêves d'enfant avaient laissé place à la réalité.

Law s'esclaffa lorsqu'elle le remercia de ne pas l'avoir laissé mourir, trouvant là une connotation drôle. Serait-ce l'alcool qui lui est monté par la tête? Oh, ça devait jouer. Mais même totalement sobre, il aurait ri quand même. S'imaginer nier la vie d'une personne dans la détresse, ça aurait pu se passer dans des dessins animés douteux, mais pas dans sa réalité.
- Mais je t'en prie, ça m'a donné l'illusion, le temps que ça a duré, d'être un héros, comme dans les films, c'était un peu chouette quand on y pense. Et si tu vas mieux alors j'en suis tout autant ravi.

Et puis leur discussion passa à autre chose. Lawrence qui lui demanda si elle était nouvelle dans le coin, elle qui lui répondit à l'affirmative. Ca fit échapper un bref rire, à Lawrence. A croire qu'il devenait peu à peu un meuble à son tour! Il avait l'oeil, mais à ce point? Le voilà qui se surprenait tout seul. En tout cas, elle avait raison lorsqu'elle disait que la ville était petite et que se recroiser était inévitable. D'une façon ou d'une autre, oui.
"En tout cas, assez pour avoir noté ton existence dans ma mémoire. Et moi dans la tienne."
Et puis il but une gorgée. Elle lui demanda à son tour depuis combien de temps il croupissait là. Parce que croupir était un bon verbe, oui. Pour Lawrence en tout cas.
- Quatre mois. Ouais, quatre petit mois. J'ai à la fois l'impression que ça fait une éternité, et à la fois l'impression que c'était hier. Comme toi, je suis nouveau ici, un peu moins que toi je pense mais je le suis. Je pense recevoir le même genre de regard que tu reçois, les même genre de questions... On t'a donné une tarte à ton arrivée?
Une tarte, une vraie, comme la tradition américaine le voulait pour accueillir les nouveaux voisins. Une tradition dont il ne s'était pas tout à fait accoutumé lui qui venait de Grande Bretagne à la base. D'ailleurs, son accent le trahissait, il ne l'avait pas jeté au placard.