#129 - les vents contraires (feat Vito)

(OOTD) -- Le reflet dans le miroir lui semble tellement flou. Ses doigts glissent lentement sur les marques gravées sur sa peau, ils tracent les cercles en relief, le regard qui suit les va et vient de la main, l’esprit perdu à des kilomètres de là. La cendre s’échappe de l’extrémité de la cigarette coincée entre les phalanges de son autre main, pour venir bruler la chair de son pied nu, la douleur réveille un peu la léthargie de l’homme planté devant la psyché, torse nu, un pantalon de tailleur noir encore déboutonné pour seul habit. Soupire. Le regard qui se détourne du reflet pour reprendre là où il s’était arrêté. Il enfile un simple t-shirt noir, et passe une veste noire par-dessus. Simple et sobre, parfait pour entamer la soirée, s’il lui reste assez d’économies pour survivre et maintenir un semblant de son ancienne vie de luxe, il sait parfaitement que la mascarade ne durera pas bien longtemps. Servir des verres ne rempli suffisamment le portefeuille, il doit absolument trouver des client.es ce soir, il ne lésine pas sur l’apparence pour mener à bien sa mission.
Il jette un coup d’œil à sa montre, il se souvient qu’une personne doit venir ce soir, pour le ménage, il n’a pas le temps pour ça et n’a jamais eu à le faire, s’il y a bien un luxe auquel il ne se privera pas c’est bien celui-là. Raison de plus pour réussir sa mission ce soir. Il écrase sa cigarette dans le cendrier du salon, quand des coups se font entendre à la porte, il passe une main dans ses cheveux et se dirige vers l’entrée pour ouvrir. Il pense d’abord à une erreur, avant de voir le matériel dans les mains de l’homme face à lui. Il prend un instant pour le détailler, il se fiche de la bienséance, il laisse son regard glisser sur les muscles qui se devinent sous le tissu qui colle à sa peau, comme gravés sur sa chair.
Bonsoir. Il parvient enfin à détacher son regard, pour le saluer. Il lui offre un sourire sincère et charmeur, il se décale pour l’inviter à entrer. Il risque finalement d’arriver en retard à sa soirée prévue.    

(OOTD) -- La fatigue l'étreint depuis des jours entiers. Il dort mal, dort trop peu. Sous ses yeux, les cernes ne font qu'alourdir le poids des efforts cumulés pour tenir le choc. La caféine n'aide plus vraiment, à ce stade. On lui a conseillé des dopants, il a poliment refusé. Les journées entières assis derrière sa caisse qui se conjuguent à ses soirées à quatre pattes dans la crasse, ça l'épuise, le termine. Mama, c'est tout ce à quoi il pense quand il s'écroule à l'aube sur son lit pour se réveiller à peine trois heures plus tard.
Les jours se succèdent.
Les jours ne changent pas.
Il a eu le temps de rentrer, se doucher. Ce soir, il se rend chez un nouveau client. C'est la première fois qu'il y met les pieds. Alors comme toujours, il fait en sorte d'être le plus apprêté possible. Dans un monde qui ne pardonne aucune première impression, il espère que la sienne sera bonne. Plus il a de clients, plus il rentre d'argent. C'est mathématique, à ce stade, ça en devient presque mécanique. Il quitte le bus chargé de ses affaires, la vieille voiture familiale ne fonctionne plus. Pas les moyens de la faire réparer. Il a abandonné Vénus à l'appartement, le coeur lourd. Même plus le temps de s'occuper d'elle, il s'en veut, culpabilise presque. Il frappe à la porte, l'homme qui lui ouvre le détaille. La première impression, la plus importante. Il n'en mène pas large, Vito. Il n'est pas moche, il le sait, pas de première fraîcheur non plus avec ses airs fatigués et ses épaules trop lourdes. Le matériel adéquat dans une main, les produits de base, le reste est fourni par le client. Bonsoir. à l'heure, comme toujours. Il entre, ne tient pas rigueur de la manière dont l'autre l'a sensiblement dévoré des yeux. C'est normal, après tout, c'est une inspection nécessaire quand on rencontre pour la première fois celui qui va nettoyer votre intérieur. Poliment, il se dégage dans l'entrée, lève à nouveau les yeux vers l'autre en souriant du mieux qu'il peut. J'enlève mes chaussures ? sans doute que oui, mais les coutumes des uns ne sont pas celles des autres. Marcher sur des oeufs jusqu'à obtenir l'approbation. Il fera son travail avec la même rigueur que d'ordinaire, satisfaction du client oblige. Il a besoin de ce contrat, besoin de cet argent.

(OOTD) -- Il accueille l’homme et le laisse entrer dans sa demeure, chose très rare pour le jeune héritier. Il est plutôt du genre à préserver son intimité et son cottage c’est son refuge, même ses client.es n’ont pas ce privilège mais il a une exception pour cette fois parce qu’il tient à la propreté, vestige du passé, devenue une manie un peu trop présente, il ne supporte pas le désordre mais n’a pas le temps de s’en occuper, alors il a dû faire appel à quelqu’un pour ça. Et il se retrouve donc devant l’homme de ménage, et dépourvu de bon lien social, il revêt aussitôt son masque. Celui du professionnel charmeur, celui qui cache et protège l’humain brisé et perdu. Il l’invite dans le salon. Fais comme tu le sens, mais je préfèrerais oui, à vrai dire. Lui-même se balade constamment pied nu dans sa maison, retirant ses chaussures dès l’entrée, manie oblige. Vito c’est ça ? il se souvient avoir vu l’information sur sa fiche, Tu veux boire un truc ? Il sait parfaitement que l’autre est là dans le cadre de son métier, mais rien ne l’empêche de le mettre à l’aise, l’idée étant qu’il est principalement envie de revenir, si toutefois, son travail convenait à Daël, ce service extérieur est le seul qu’il peut s’octroyer et auquel il ne compte pas se priver, et il n’a aucune envie de courir après une autre personne pour le faire le job. Il part en cuisine chercher deux verres, sans attendre la réponse de Vito, lui a bien besoin d’un verre avant de partir.