You need me, apparently | ft. William

Cela faisait quelque temps que j'étais arrivée dans le coin. Pas vraiment l'endroit rêvé, mais j'avais eu envie de poser mes affaires pour quelque temps. Quelques semaines. Quelques mois. Je n'en savais rien. Je n'avais pas vraiment réfléchi à tout ça. Je voulais juste esquiver mes parents et tant qu'ils ne me retrouvaient pas, ça me convenait. Je n'avais pas envie de rentrer dans ma famille. Retrouver le fiancé que j'avais fui, me faisait peur. Je n'étais pas prête à me marier et avoir une vie d'adulte. Au lieu de lui en parler, j'avais tout simplement décidé de prendre la fuite. En espérant que ce dernier ne me retrouve pas, oubliant presque que j'étais connue sur les réseaux sociaux. Néanmoins, je voulais, à tous pris, éviter une énième confrontation avec ce dernier. Pour lui dire quoi ? Que "oui", je l'aimais, mais que "non", je ne me voyais être marié avec lui pour le moment ? Dans le genre "on se fout de la gueule du monde", on ne faisait pas mieux. Et puis, comme je pourrais lui expliquer que j'avais un petit crush sur mon colocataire ? Je me retrouvais dans une situation plus que compliquée, il fallait bien l'avouer. Mais je préférais vivre au jour, le jour, sans me poser de question. Peut-être qu'il y aurait une confrontation. Peut-être qu'il n'y en aurait pas. Dans tous les cas, j'étais libre, pour le moment, de faire ce que je voulais.

Il y a quelques jours, j'avais été contacté par un homme pour que je fasse de la publicité pour l'un de ses bâtiments. Le fait d'avoir une communauté grandissante me permettait d'avoir des partenariats plus ou moins intéressants. Et j'avais appris à négocier mes cachets. Après tout, je ne voulais pas perdre mon niveau de vie. J'étais une princesse et je voulais rester telle qu'elle. J'avais accepté de rencontrer cet homme : tout se négocie autour d'un bon verre à mon sens. On avait convenu d'un rendez-vous, dans un bar, en centre-ville. C'est dans ces moments-là que je me rendais compte que Kanab, n'était pas le genre d'endroit où je souhaitais finir mes jours. Avec ces décors presque tirés d'un film de cow-boy, je ne m'y retrouvais pas vraiment. Mais pour le moment, c'est là où mes valises étaient posées. Et il faudrait certainement faire avec. Habillée d'une robe d'été, assez courte et d'une paire de talon, je devais certainement détonner dans ce décor Western. Je n'avais rien de la cow-girl qui monte à cheval et qui passe plus de temps à la ferme qu'autre chose. Après tout, je venais de Los Angeles et malheureusement, on ne change pas une équipe qui gagne : quand on a l'habitude de venir des beaux quartiers, c'est quelque chose qui se voit. Sac de la marque Guess, sur l'avant-bras, j'entrais dans le bar, où l'on s'était donné rendez-vous. Regards braqués sur moi, de quoi de me mettre mal à l'aise. Malgré les apparences, je ne suis pas forcément celle qui a le plus confiance en moi. Et même si j'aime dire que j'adore avoir l'attention sur moi, ce n'est pas forcément vrai. J'allais m'installer à une table et commanda une boisson avec alcool au serveur qui vint vers moi. Je sortis ensuite mon téléphone portable, afin de scroller les réseaux, attendant que mon rendez-vous finisse par arriver.

Les travaux allaient bon train dans l'établissement de William. Il ne parlait pas de son activité principale comme propriétaire du Pinky's Cabaret, mais plus de l'homme d'affaire qui prête de l'argent et qui aussi en investit pas mal pour la ville et les alentours. Ici on parlait d'un ancien établissement qui était a l’abandon. Un ancien hôtel qui avait fait faillite et pour lequel il avait beaucoup investit pour... tout mettre a terre et recommencer de zéro pour une clientèle plus fortunée et qui désirait un petit coin de calme pour se ressourcer. Assez proche de la ville pour lui offrir des retombées économiques stables et bien d'autres avantages pour faire venir de nouveaux visiteurs ici.

Comme toujours, il tentait de travailler son projet de A a Z et maintenant qu'il restait pas mal de finitions a faire et que le gros était fait, il avait besoin de faire de la publicités. Utilisant les réseaux sociaux, il savait qu'il fallait se porter vers des plus jeunes pour propager la bonne nouvelle et après quelques recherches, avait trouvé quelques noms interessants. Il en avait contacté plusieurs et avait rendez vous avec l'une d'elle dans un bar du coin. Tablette dans une petite sacoche, il entra et trouva rapidement la personne en question. Jeune, belle, blonde, avec pas mal d’abonnés. Tout ce qui pourrait faire de la bonne pub ! Il s'approcha et se planta devant elle. « Mademoiselle Callahan ? Je suis William White. » Il ne passait pas par quatre chemins et ne faisait pas faire ce genre de travail important a d'autres personnes.

Le Pinky's étant auto suffisant avec sa seconde, il pouvait avoir bien plus de temps pour lui maintenant. Il s'installa a table et appela un serveur. « Je peux vous offrir a boire ou vous avez déjà commandé ? » Premiere prise de contact, il aurait pu faire ca a ses bureaux, mais il aimait les endroits neutres comme ceux la. Attendant sa réponse, il se commanda donc un verre de Whisky et sortit sa tablette avec les plans, les quelques photos de l'établissement ainsi qu'un contrat qu'il avait commencé a préparer. Il ne manquait plus qu'a trouver les termes et les conditions qui iront a tout le monde. « Je ne vous ai pas trop fait attendre j’espère ? »

L'avantage d'être influenceuse, c'est que je pouvais travailler n'importe où. Je pouvais faire ce que je voulais quand je le voulais. Et j'avoue qu'avoir cette liberté était quelque chose de particulièrement importante pour moi. Pour rien au monde, je ne changerais de vie. Je n'étais pas faite pour travailler et je devais bien avouer que pouvoir passer plus de temps sur les réseaux sociaux que derrière un bureau était quelque chose que j'appréciais particulièrement. Je n'avais jamais connu le monde du travail classique et je n'avais pas envie de le connaître. Petite princesse se débrouillera toujours pour trouver l'argent nécessaire pour mener son train de vie. Néanmoins, une chose était sûre : je ne retournerais pour rien au monde à Los Angeles. Je n'avais pas envie d'entrer dans le moule que mes parents avaient commencé à fonder. Je voulais garder mon libre arbitre et faire ce que je voulais, quand je le voulais. Je savais que mes choix de vie n'étaient pas ce qu'avaient espéré mes parents, mais en réalité, je m'en moquais. J'avais décidé de prendre la fuite pour éviter un mariage et une nouvelle prison dorée. J'étais donc libre de faire ce que je voulais et je devais avouer que le fait de vivre des cachets de mes contrats me convenait. Certains étaient plus élevés que d'autres. Pour l'heure, j'avais rendez-vous avec un homme que je ne connaissais pas, mais qui voulait certainement que je lui fasse de la publicité. En soi, ce n'est pas quelque chose qui me gênait. D'ailleurs, les contrats de publicité étaient ceux qui fonctionnaient le mieux. Surtout si cela s'étalait sur plusieurs mois. De plus, il fallait promouvoir un hôtel, il me semble. Et ce n'était pas ce qu'il y avait plus compliqué, bien au contraire. On s'était donné rendez-vous dans un endroit public. Un bar. C'était étrange, mais également sympa de se voir dans un cadre autre qu'un bureau, enfermé entre quatre murs angoissants. Je pris une table et l'attendis patiemment, tout en scrollant les réseaux sociaux. Je laissais des likes et des commentaires sur des comptes que je suivais, lorsque j'entendis la voix d'un homme qui semblait s'adresser à moi. « Mademoiselle Callahan ? Je suis William White. »Je relevais les yeux vers mon interlocuteur et lui souris. Je répondis simplement : « Bonjour ! Enchantée ! » Et c'est dans ces moments-là que je me rendais compte qu'il y avait deux Kimberley différents : celle qui se veut professionnelle, qui sourie et qui paraît agréable et l'autre, la petite peste avec le reste du monde. En même temps, si on n'est pas dans mes bonnes grâces, il est bien souvent difficile de me voir sourire. Et je triais mes amis sur le volet, cela va sans dire. Hors de question, pour moi, de traîner avec une personne moins riche que moi, par exemple. Je n'étais pas la fille de mes parents pour rien. « Je peux vous offrir a boire ou vous avez déjà commandé ? » Je répondis par la négative avec un signe de la tête. Je l'avais attendu pour commander et lorsque le serveur arriva, j'optais pour un coca cherry. J'aurais pu le suivre en optant pour une boisson alcoolisée, mais je voulais également rester professionnelle durant ce rendez-vous. Et l'alcool n'était donc pas le bienvenu. Je le vis sortir tout un tas de feuilles. « Je ne vous ai pas trop fait attendre j’espère ? » Nouveau sourire en sa direction. Je répondis simplement : « Non pas de souci, je suis arrivée en avance, de toute façon. » Je bus une gorgée de mon coca cherry, que le serveur venait d'apporter et je reportais mon attention sur l'homme en face de moi : « Du coup, vous avez besoin de moi et mon audience, pour quoi exactement ? » On en avait un peu parlé par message privé, mais j'avais besoin de plus de détails. Je continuais de le regarder, tout en attendant sa réponse.