Ryley avait sauté de joie lorsque son grand-frère avait accepté sa proposition de randonnée, suite à cette histoire de faire du sport ensemble. Il devait avouer qu'il pensait que Dorian n'accepterait pas si vite qu'il le recontacte à ce sujet, qu'il aurait besoin de digérer un peu leurs retrouvailles. Cependant, Ryley n'était ni diplomate ni plein de tact, alors il avait trouvé son numéro de téléphone et n'avait pas perdu une seconde avant de se lancer dans des conversations qui n'avaient ni queue ni tête comme lui seul en était le maître. Puis, ils avaient fini par discuter des coins de nature locaux, et Ryley avait sauté sur l'occasion, demandant à son frère de leur trouver un endroit sympathique où vadrouiller. Rykey connaissait bien évidemment Kanab et ses alentours, puisqu'il y avait passé son adolescence, mais cela faisait des années qu'il n'y avait pas passé plus de quelques jours d'affilée, alors les choses avaient dû changer depuis. Dorian, qui avait toujours vécu ici depuis le démantèlement de la secte serait plus à même de leur contacter la randonnée la plus sympathique et challengeuse. Ils étaient tous les deux relativement sportifs, donc la difficulté devait être de mise s'ils ne voulaient pas trop s'ennuyer (sans partir en escalade pour autant).

Il revérifia son sac une dixième fois, s'assurant d'avoir assez d'eau, un bon en-cas en cas où, et tout ce qu'il fallait pour passer quelques heures en pleine nature. Il était déjà au taquet depuis une bonne heure, zonant à côté de la fenêtre pour ne pas louper l'arrivée de son frère devant chez lui, puisque c'était Dorian qui devait venir le chercher et les conduire sur le lieu de départ de leur cheminement du jour. Son épouse n'arrêtait pas de le réprimander comme un enfant. « Ryley, assieds-toi, il va t'appeler quand il arrive. », « Ryley, tu as déjà vérifié ce sac y a deux minutes. », « Ryley, le comptoir de la cuisine est si propre que je me vois dedans, pas la peine de le relaver encore ». Bref, elle n'arrivait pas à se concentrer sur son travail administratif alors que son mari tournait en rond comme un lion en cage. Finalement, ce supplice prit fin lorsque Ryley entendit la voiture de Dorian arriver. Il n'eut même pas besoin de son message avant de sortir de la maison et de courir jusqu'à la portière.

« Salut ! » s'exclama-t-il en s'installant sur le siège passager aux côtés de son frère. « Ouais, j'ai tout ! Et toi, paré ? » demanda-t-il. « Oh purée, je suis vraiment trop content ! J'avais trop trop hâte, j'ai pas réussi à dormir cette nuit tellement j'avais hâte. » expliqua-t-il ensuite, en prenant ses aises. Il se lança ensuite sur une description détaillée de son shift précédent, mais ne put continuer bien longtemps puisque Dorian avait augmenter la musique. « Oh j'adore cette chanson ! » s'écria-t-il par-dessus le son émis par la radio, avant de se mettre à chanter en rythme avec la chanteuse. Il ne fut pas déphasé par les réflexions de Dorian comme quoi il chantait telle une casserole... parce qu'il savait que c'était des taquineries et qu'il n'en était rien. Il n'avait pas toujours confiance en lui, mais sur ce point, on lui avait déjà assez répété qu'il avait une belle voix, et chantait particulièrement juste, pour ne pas douter. D'ailleurs, à chaque fois que Dorian lui faisait une remarque, il se remettait à chanter de plus en plus fort. Ce ne serait pas juste que seul son frère l'embête après tout, il fallait bien lui rendre la monnaie de sa pièce !

Finalement, ils arrivèrent sur les lieux. « C'est vraiment très agréable ici, j'avais totalement oublié cet endroit ! » Pourtant, il était déjà venu randonner par ici lorsqu'il était adolescent. Il y était allé seul, parce qu'il n'avait pas particulièrement d'amis à cette époque... Il avait d'ailleurs failli s'y perdre à de multiples reprises.

« Oui, Monsieur ! » s'exclama Ryley à la question de Dorian, alors qu'ils débarquaient, prêt à partir à l'aventure. Et ils n'eurent aucune raison d'attendre davantage, se mettant à marcher aussitôt. « Tu sais déjà un peu quel chemin on doit prendre ? J'aimerais trop qu'on arrive à voir quelques animaux... Ce serait super chouette! Je pourrais faire plonger mes enfants dans la jalousie! Haha, je déconne! » demanda-t-il. S'il se souvenait de la zone, ce n'était pas au point de savoir où aller...

« Tu trouves que je suis si bizarre que ça ? » demanda-t-il lorsque Dorian le traita de drôle d'oiseau. Souvent, les sous-entendus lui passent au-dessus de la tête, et il ne comprend pas toujours le seconde degré ou le sarcasme, mais là, il avait parfaitement compris à quoi son frère venait de faire référence, ou en l’occurrence, à qui. « Enfin cela dit, oui, je suis bizarre, on me le dit assez souvent pour que je le sache. Mais un drôle d'oiseau ! Bah écoute, au moins, je peux voler ! » s'exclama-t-il en se mettant à bêtement imiter les ailes d'un oiseau avec ses bras, tout en sautillant un peu autour de Dorian. Il faisait tout le temps ce genre de jeux lorsqu'il était enfant. Des moments de joie qu'il avait presque oublié au moment du chaos qu'était leur enfance nauséabonde. Des moments où ils se sentaient comme des enfants normaux, qui avaient le droit de chahuter, faire des grimaces et danser, avant que des adultes aigris ne s'en rende compte et leur fasse payé leur insouciance et leur « indiscipline ».

Au moment de choisir le chemin à emprunter, Dorian décida de le faire au flair. Bon pourquoi pas !
« Aller, c'est parti pour de grandes aventures ! » s'écria Ryley, le sourire aux lèvres. « De toutes façons, tous les chemins mènent à Rome ! Soyons fous et nous verrons bien où nous nous retrouverons ! » Pas un instant, il ne pensa que partir dans un sens sans aucune réflexion était un moyen facile de se perdre. Après tout, il n'y avait pas de raison, ils auraient toujours leur téléphone pour se retrouver si jamais. Tant qu'il y avait du réseau, tout irait pour le mieux !

Dorian lui fit remarquer qu'il était un peu trop bruyant s'il voulait voir des animaux sauvages. Il était vrai que ceux-ci avaient une bonne ouïe et que les cris de deux humains ne les attireraient pas, mais les ferait fuir, bien au contraire. Il sourit, se mettant alors à chuchoter... « Mais attends, je sais imiter certains cris... Écoute un peu celui-là ! » Et voilà qu'il se mettait à imiter un faucon à pleine voix. Et en plus, c'était vraiment pas mal. Bon, pas sûr que d'essayer d'attirer un oiseau féroce soit une bonne chose cela dit. « Ça t'en bouche un coin, hein ? » demanda-t-il ensuite, arquant les sourcils, avant de se mettre à rire. « Maintenant, c'est ton tour, vas-y ! J'attends ta plus belle imitation ! » dit-il, encore une fois un peu trop fort. Il n'était pas quelqu'un qui parlait bas, bien au contraire, et tout son entourage en faisait souvent les frais.

Il haussa ensuite les épaules à la remarque de Dorian. Il était vrai que c'était absolument fabuleux qu'ils ne se soient jamais retrouvés au lycée ensemble dans un couloir, ou au détour d'une classe.
« Il fallait croire que ce n'était pas le bon moment. » répondit-il. « Je trouve ça dingue aussi, mais... Je sais que tu n'y crois pas, mais je me dis que... Peut-être que mes 'esprits' m'ont empêché de te retrouver car nous n'étions alors pas prêts à nous revoir... » Il était vrai que les deux adolescents commençaient tout juste à se reconstruire après leur vie dans la secte.

« Un ours enragé ? » demanda-t-il, alors que depuis le début, son frère s'amusait à se montrer pessimiste quant à leur destinée dans ce coin de nature. Ce n'était pas vraiment sérieux, mais de quoi rendre l'ambiance un peu angoissante quand même. « Bah tu sais quoi, pas de problème, je suis formé, je sais gérer un membre en moins, l'hémorragie, tout ça tout ça. Le problème serait s'ils commencent à nous manger en entier, ou s'il nous arrache la tête... Là, je ne pourrai rien faire du tout. Mais sinon, ça va. Si tu perds un bras, je pourrai te sauver, alors ! Souris ! Tu es entre de bonnes mains avec moi ! » s'exclama-t-il, évidemment bien plus pour rester dans la blague et jouer sur le propre terrain de Dorian que de façon sérieuse. Quoiqu'avec lui, on ne savait jamais vraiment ce qui était une bêtise dite sciemment ou une vérité qu'il essayait de transmettre.

« Et t'as pas joueur ! Allez une petite imitation ! Tu peux quand même faire le poussin ou un truc comme ça ! Là, on aura des chances d’attirer un oiseau de proie ! » En parlant de cela, il entendit un bruit assez fort, venir d'un fourré et d'un rocher non loin d'eux. « Oh... Probablement un petit rongeur... » dit-il et ils continuèrent à avancer le long du chemin, discutant du fait qu'il était absolument incroyable qu'ils ne se soient jamais croisés, alors qu'ils avaient fréquenté le même établissement scolaire une bonne partie de leur adolescence.

« Oui, je suis d'accord. Je pense que c'est bien mieux qu'on se soit rencontré de nouveau une fois un peu plus stable, une fois après avoir expérimenté tout ce qui nous était interdit à l'époque. » Il était vrai que cela leur permettait sans doute d'avoir des retrouvailles bien plus calmes et peut-être même que le fait de se retrouver dans une même famille, par exemple, aurait représenté un frein à leur évolution, chacun de leur côté. Il y aurait eu cette espèce de lien à la secte qui ne se serait jamais défait...
« Comme je t'ai dit la dernière fois, je n'ai jamais eu de vrais amis. Il y avait bien une fille, au lycée, qui venait me voir et discuter avec moi de temps en temps. On faisait nos TP ensemble, par exemple. Je crois qu'elle appréciait que je sois studieux. Mon premier ami, je l'ai eu seulement lorsque je suis parti faire ma formation à Salt Lake City. C'était mon partenaire à l'époque, et on a même travaillé ensemble en équipe un temps. Il s'appelle Oz. Je te le présenterai peut-être un jour si j'ai l'occasion de l'inviter à me rejoindre ici. » dit-il en souriant, pensant à cet homme qui avait partagé ses plus mauvais comme ses meilleurs jours. Il s'était même confié à lui sur le fait qu'il voyait un psy et qu'il avait certains troubles. Son ami avait accepté et l'avait aidé à les surmonter, mais surtout à ne pas laisser les autres l'empêcher de devenir secouriste sous prétexte de troubles qui n'impactaient alors en rien ses compétences et son professionnalisme. « Et toi ? Tu as un meilleur ami ? Est-ce que c'est lui que tu vas épouser ? » demanda-t-il ensuite. Après tout, cela arrivait souvent qu'on épouse un ami. Encore une fois, un bruit s'éleva, cette fois encore plus fort. Ryley sursauta.

« Est-ce que c'est moi... Ou quelque chose nous suit ? » demanda-t-il ensuite, se tournant dans tous les sens, mais ne voyons rien. Il avait l'impression d'être observé, et le bruit qu'ils avaient entendu à plusieurs reprises n'était pas pour le rassurer sur la potentielle présence d'un animal ou d'un autre être humain. Il ne savait même pas ce qui était pire !

« Ralala, tu as pris un balai dans les fesses en grandissant ou quoi ? » demanda-t-il lorsque Dorian refusa encore une fois de faire une imitation d'animal. Il n'était pas drôle, le bougre ! Puis, il réfléchit à ce qu'il venait de dire, avant de rajouter rapidement : « Non, ne réponds pas à cette question. » Il savait que son frère aurait une remarque pleine d'esprit à lui donner en guise de réponse et il préférait l'éviter!
Un bruit attira leur attention à tous les deux, mais ils ne réagirent pas plus que cela. Il était évident qu'il y avait quelques bestioles dans le coin, mais pas de quoi commencer à angoisser. Ils continuèrent donc à marcher en discutant des amis qu'ils s'étaient fait depuis le temps.

« Oui, tu as raison ! Je préfère avoir une seule personne sur qui compter que des tonnes et des tonnes de connaissances qui se disent 'amis', mais personne au moment où on se retrouve dans la panade. » Cela était malheureusement fréquent. « En fait, son prénom en entier, c'est Osman, il est d'origine turque. Mais on l'appelait tous Oz' au travail, et c'est resté. » expliqua-t-il, comme lisant les pensées de son frère, avant d'écouter à son tour l'histoire d'amitié de Dorian.

« Depuis le lycée ? Wow, ça fait longtemps : Vous devez vraiment être de bons comparses ! » s'écria-t-il, ravi d'apprendre que son demi-frère avait trouvé un meilleur ami si vite lors de sa vie. Ce n'était pas évident, au niveau des relations interpersonnelles, avec l'enfance qu'ils avaient eu, et pourtant... Ils avaient tous les deux au moins un ami, et avaient fondé une famille. C'était exceptionnel, quand on y songeait un peu plus.

Alors qu'ils s'avançaient un peu plus le long du chemin, un autre bruit se fit entendre, ce qui fit sursauter Ryley. Dorian, quant à lui, restait très terre à terre.
« Si c'était le fantôme de tatie Georgette, je le saurais ! » s'exclama-t-il, en réponse à la moquerie dont il était la victime. Décidément, son frère n'allait jamais le laisser tranquille depuis qu'il lui avait avoué être médium. « Et si ce sont des gens bizarres ? » demanda-t-il ensuite. Cela pouvait être des promeneurs, en effet, mais les êtres humaines n'étaient pas toujours très bien attentionnés, surtout dans une zone aussi reculée. Bon, c'était un sentier plutôt connu des randonneurs, mais Ryley restait sur ses gardes. « Marchons un peu plus vite quand même... » suggéra-t-il. De toute façon, il ne laissa pas le choix à son compagnon, pressant le pas aussitôt. A peine avait-il fait quelques mètres, que le bruit se fit de nouveau entendre.
« Tu crois que ça peut être des coyotes ? » demanda-t-il ensuite. Les coyotes ne présageaient rien de bon. Et... est-ce qu'il y avait des ours dans le coin ?

Il n'y avait même pas besoin de poser nombre de questions pour avoir des réponses en ce qui concernait Ryley. Il parlait de lui-même et pouvait donc donner tous les détails attendus, sans qu'on ait besoin de le lui demander. Ce qu'il fit d'ailleurs en parlant plus en détails de son meilleur ami, qui vivait toujours à Salt Lake City. Il avait regretté de partir et de le laisser, mais c'était bien mieux pour sa famille. En tous cas, les deux hommes semblaient s'être fait au moins un ami proche sur qui comptait. C'était sympa de savoir que Dorian n'était pas seul, bien au contraire. Son frère était bien accompagné, et il allait s'installer bientôt avec l'homme qu'il aimait... Quelle belle histoire que celle d'enfants maltraités qui surmontaient leurs traumatismes et créaient une vie nouvelle. En plus, ils étaient tous les deux des membres éminents de la société. Ryley en tant que secouriste et Dorian en tant que directeur d'école primaire. Sans se lancer des fleurs, on pouvait dire qu'ils apportaient quand même beaucoup à la société, à leur petite échelle et chacun à sa manière.

Ils continuèrent à avancer, Dorian se moquant de nouveau du don de Ryley. Celui-ci ne le releva pas, se contentant de se concentrer sur les bruits alentours, légèrement effrayé. Il n'avait aucune envie de tomber sur un animal sauvage en plein sur le sentier. En même temps, la probabilité était quand même présente... Mais rare étaient les randonneurs qui faisaient une mauvaise rencontre s'ils ne s'éloignaient pas des chemins pré-définis.

« Je crois que je préfère l'animal. Au moins, s'ils nous mangent, ça va vite. Puis, on est bien placé pour savoir que niveau cruauté, l'être humain est le pire.... » Oh oui, avec leur sombre passé, ils ne pouvaient avoir aucun doute sur le fait que les hommes étaient les pires animaux sur cette Terre, capables des pires cruautés et de choses inimaginables. La nature était, elle aussi, cruelle, mais ce n'était pas comparable à l'inventivité des fous. Leur géniteur était un bel exemple pour illustrer cela.

« On va pas courir, mais personnellement, je ne compte pas rester trop longtemps par là ! » s'exclama Ryley, allant d'un pas rapide, sans pour autant tomber dans la course à pieds. Ils marchèrent de la sorte un bon moment, peut-être même quelques dizaines de minutes, ne faisant nullement attention au chemin qu'ils empruntaient, trop concentré sur la possible menace qu'ils entendaient toujours. On aurait dit que le bruit les suivait à la trace, car ils avaient beau le fuir, ils l'entendaient de nouveau. Alors qu'ils se hâtaient tous deux, Dorian dit quelque chose qui laissa un peu Ryley dubitatif.
« Une goutte ? Pas possible, j'ai regardé la météo hier, il n'était pas question de pluie ! » Mais il avait beau nier l'évidence, les gouttes se firent de plus en plus nombreuses, jusqu'à ce qu'une véritable pluie ne tombe du ciel, les laissant tremper jusqu'aux os. Le bruit, quant à lui, ressortait toujours malgré le son de la pluie.

« On ferait mieux de revenir à la voiture je pense... » proposa Ryley. C'était mieux de revenir sur leur pas, la randonnée aurait été de courte durée, mais c'était plus sécurisant. Puis, ils pourraient attendre que la pluie se termine pour ressortir et en refaire une ! Cependant, alors qu'il se retournait, il devînt blême. Les traces de leurs pas avaient été balayé par la pluie et il n'avait aucune idée d'où se trouvait le sentier qu'ils avaient pris plus tôt. « Euh... Grand-frère d'amour... On est venus par où ? » demanda-t-il, penaud.

La situation semblait de plus en plus désespérée. Enfin désespérée était peut-être un grand mot, mais Ryley trouvait que les événements étaient subitement devenus inquiétants. Ils avaient beau marcher vite et s'éloigner, le bruit les suivaient toujours. Ce ne pouvait pas être dans leur tête, n'est-ce pas ? Ce n'était pas un genre d'hystérie collective, n'est-ce pas ? Il avait déjà entendu des histoires de la sorte... Et venant d'une secte, il était plutôt coutumier du fait. Il mit cela de côté, alors que la pluie commençait à tomber de plus en plus fort. Et finalement, ce furent des trombes d'eau qui descendirent du ciel... Bien évidemment, cela devait arriver ce jour-là, alors qu'ils randonnaient tous les deux et que la météo ne l'avait pas prévu ! Mais quelle poisse ! C'était inimaginable !

Ryley se mit à avancer encore plus vite, comme s'il pouvait éviter les gouttes d'eau tombant du ciel, avant de décréter qu'il serait judicieux de retourner à la voiture. Ce que Dorian accepta. En même temps, il n'y avait rien de plus logique. Mais voilà, lorsque le secouriste regarda autour de lui, il ne reconnut pas le chemin. Ils avaient malencontreusement quitté le sentier, trop concentré à éviter le bruit qui, d'ailleurs, était toujours bien présent.

Dorian sortit son téléphone, mais il n'avait pas de réseaux et donc une impossibilité d'accéder à une façon de retrouver son chemin. Ryley se mit alors à fouiller son sac à la recherche du sien... puis, les poches de sa veste, les poches de son pantalon... Mais rien ! Il commença alors à paniquer un peu. C'était un homme habitué à garder son sang-froid, mais il ne s'attendait pas à devoir le faire lors d'une ballade en pleine nature avec son demi-frère !
« Oh mince... j'ai dû le faire tomber dans la voiture, je ne l'ai pas sur moi... » dit-il finalement, haussant les épaules, l'air triste. « Essayons de nous repérer un peu... » dit-il, faisant fi du bruit qui s'était accentué. Il avait le cœur qui battait très fort, mais il ne devait pas céder à l'angoisse. Aller, il n'était pas secouriste pour rien, bon sang !

« Je me souviens de ce rocher ! » dit-il, pointant du doigt un rocher qui se trouvait au loin. « Je suis certain qu'on est passé devant... Allons dans cette direction, ce sera un début... » dit-il, posant une main se voulant rassurante sur l'épaule de Dorian. Il voyait bien que son frère commençait à baliser sévèrement...

Dorian semblait paniquer de plus en plus, et n'était pas trop sûr des indications de Ryley, dubitatif quant au fait de les suivre. Ce dernier, cependant, n'en démordait pas, il était sûr qu'ils avaient croisé ce rocher. Il hocha la tête, se voulant rassurant.
« J'en suis sûr ! Quand on l'a passé tout à l'heure, je l'avais remarqué, parce qu'on a l'impression qu'il a un nez crochu. Regarde bien, on dirait une vieille sorcière de profil. » dit-il, espérons ainsi détendre l'atmosphère. Et puis, c'était vrai, c'était la caractéristique physique de ce rocher qui lui rappelait qu'ils l'avaient déjà vu. Il ne savait pas pour la suite et s'il arriverait à retrouver leur chemin, mais pour cette pierre, il était complètement sûr, à trois cents pourcents !

« De toute façon, on ne peut pas juste rester là et attendre que ça se passe. » ajouta-t-il ensuite, et ils prirent la direction du fameux rocher. Ryley essayait de calmer son frère, mais il voyait bien que Dorian était en train d'angoisser de plus en plus. D'ailleurs, son demi-frère glissa sur le sol mouillé et tomba lourdement sur le sol, sur les genoux, se faisant mal, vue l'exclamation de surprise et de douleur qu'il émit. Ryley se trouva aussitôt à ses côtés.
« Tu as mal où ? » demanda-t-il. Il semblait que c'était sa cheville qui avait pris le gros de la chute. Il invita donc Dorian à s'asseoir, voyant bien qu'il était en train de partir dans une crise d'angoisse. « Ecoute-moi, Dorian... » dit-il, d'une voix douce et avec gentillesse, passant une main contre son bras pour le rassurer. « Respire, tout doucement, comme ça... » ajouta-t-il. Il se mit alors à inspirer et expirer doucement, invitant son frère à l'accompagner. Malheureusement, cela n'avait pas l'air de fonctionner. Peut-être que Dorian était bien trop loin déjà pour l'écouter. Dans tous les cas, le secouriste observa sa cheville, avec douceur et en faisant attention de ne pas effrayer son interlocuteur plus qu'il ne l'était déjà. « Tu n'as rien de cassé ni de fouler... Ca devrait aller. » l'informa-t-il. Il ne manquait plus qu'il se soit blessé sérieusement et soit incapable de marcher.

Ils étaient tous les deux imbibés d'eau, ils commençaient à avoir froid, ils étaient perdus et le bruit ne s'était pas arrêté... Dorian était dans une crise de panique et Ryley ne savait plus trop quoi faire. Bref, ils étaient profondément dans l'embarras. Ryley poussa un soupire, tentant de se calmer à son tour, observant les alentours pour trouver quelque chose qui pourrait les aider. Ce fut alors à cet instant qu'il sentit une vibration puis un appel. Ce sentiment était clair, quelqu'un entrait en contact. Une chansonnette survînt dans son esprit. On aurait dit une chanson pour enfant... Mais celle-ci contenait des paroles qui semblaient très précisément parler de Dorian et Ryley ne l'avait jamais entendue auparavant. Il sentait que l'entité qui le contactait en ce moment lui demandait de la chanter, alors il se mit d'abord à murmurer la mélodie, avant d'ensuite chanter les paroles, doucement, comme l'on chanterait une berceuse.
Plus il chantait, plus il avait l'impression d'être habité par quelqu'un. Son regard se trouva un peu vide et se posa sur Dorian, tandis qu'il affichait un petit sourire tendre, celui d'un parent pour son enfant.