Zombicide (Law)

Postée sur un muret à la croisée des chemins, comme un matagot attendant une âme à vendre, Dulcinea balançait ses jambes dans le vide sans perdre de vue les étoiles. Pas qu’elle y trouvait un quelconque sens : la plupart des astres censés les veiller étaient depuis longtemps morts. La lumière qu’ils projetaient n’était qu’un résidu de leur grandeur passée. Un spectre que l’on disait poétique quand pourtant la Mort était un symbole devant lequel bien des gens tremblaient. Elle ne danse pas ce soir, petite strip-teaseuse, elle a obtenu un congé que l’on dit mérité mais qui ne la confronte qu’un peu plus à ses pensées parasites. Sur scène au moins, prise entre les lumières et la cacophonie ambiante, elle n’a pas à se confronter aux démons qui la guettent. À faire face, tout bonnement. Pourtant d’un naturel téméraire la Detrova ne sait sait comment composer avec ses émotions, trop souvent submergée par cette houle poisseuse et emportée dans ses courants. Elle pleure et rit, puis rit et pleure, sans tout à fait comprendre son fonctionnement puisque tout en elle la questionne autant qu’elle la révulse. De ce corps qu’elle compare et vend à demi, sans pourtant permettre qu’on ne l’effleure, à ses mécanismes interne, en passant par sa manière d’aimer, haïr et jalouser à la fois, en faisant un détour par sa sexualité complexée qu’elle juge à chaque fois qu’on lui vole un baiser et qu’elle ne ressent rien. Pas même les prémisses d’un quelconque émoi. Un peu cassée du haut de sa toute jeune majorité, la Detrova erre pour ne pas avoir à dialoguer avec sa soeur et ses frères. Oublie pour une fois son portable puisqu’elle a eu sa paie et n’a pas la foi de répondre à ses Sugar Daddy. Alors, sans perdre de vue la ventre rond de la lune et sa traîne étoilée, Dulcie s’effondre sur son muret abimé. Ses cheveux brun épousent les graminées qui s’épuise à pousser entre les interstices de la pierre et, si les doigts s’essayent un instant à les peigner pour songer à autre chose qu’au chaos qu’est sa vie, c’est doucement que son regard clair coule en direction du cimetière.

Habituée à Poe et Baudelaire, c’est un lieu qui ne l’effraie aujourd’hui plus quand bien même -enfant- elle se sentait obligée de jouer à cap ou pas cap avec @Dario Detrova et courir le plus vite possible entre les stèles pour tromper la peur qui lui tordait l’estomac. C’était aujourd’hui un sentiment qui l’avait abandonné, comme papa, comme maman aussi puisqu’après avoir couché un dernier amant dans ses propres draps elle avait reprit la route après lui avoir claqué sur la joue un baiser emprunt d’absinthe et tequila. C’était peut être ça, au final, qui la tenait éveillé en dépit de la nuit tombée. Qui la hantait un peu, alors même qu’elle dardait ses yeux soulignés comme ceux d’un chat vers le domaine des morts. Et puisqu’elle surprend une ombre bien vivante pousser ses portes, l’étudiante en droit s'enhardit et bondit souplement à terre pour la prendre en chasse d’un pas tranquille. Les mains dans le dos, elle sautillait presque puisqu’elle reconnaît ce port de tête autant que cette démarche, et qu’elle se sent l’âme d’une aventurière chaque fois qu’elle s’acharne à marcher dans ses pas. Littéralement. C’est qu’elle semble intuitivement poser les pieds dans les traces de pas laissé par cet Autre qu’elle piste un peu trop souvent ces derniers temps en lui posant tout un temps de question, comme une gamine trop curieuse.

-Bonjour Monsieur le Fossoyeur. Elle connaît son nom et prénom, mais “monsieur de Fossoyeur” était tout de même un peu plus classe, soyons honnête. Vous vous êtes assuré qu’aucun mort ne sortait de leur cercueil ?.

La voix chantait presque, ainsi jeté derrière son épaule trop haute. Certainement trop enthousiaste au vu du lieu, de l’heure, et de la situation puisqu’elle suivait un parfait inconnu en pleine nuit et qu’elle le disait suffisamment étrange pour avoir envie de creuser plus en profondeur. Ou vous partez justement chasser du zombie ?

@Lawrence Dinkley

Le soleil de plomb ce jour là, mais étonnement, les températures n'étaient pas si haute que cela. A moins que Lawrence ait fini par s'y habituer, ce qui était bien possible. Dans tous les cas, qu'importait la météo, lorsqu'il fallait travailler, il était présent. On aimait ça d'ailleurs, son sens du volontariat, à être le premier à réclamer des heures supplémentaires, ce genre de chose. Après tout, c'était ce qui l'occupait au mieux. Lorsqu'il n'était pas avec la famille des gens qu'il devait enterrer, il creusait ou entretenait les tombes. Ca lui arrivait que parfois, il fleurisse lui même les tombes abandonnées ou délaissées. Certains avaient moins de chances que d'autres. Et malheureusement, il devait aussi s'occuper de la fosse commune. Les tombes dont l'emplacement n'était plus payé pas les familles pour x ou y raisons et qui devaient ainsi céder leur place à d'autres. Kanab n'était pas une grande ville, il n'y avait pas un bousculement pour cela. Le maire était assez indulgents avec ses habitants, on était pas à un jour près.

Lawrence était en train de s'occuper de mettre en place un second emplacement dans la tombe d'un défunt pour y accueillir une nouvelle tombe au dessus. Tout un système logistique à mettre en place mais il avait l'habitude depuis qu'on lui avait montré comment faire. Il venait de finir de mettre en place les barres quand soudainement, une fois féminine le surprit et il sursauta presque. Il fit volte face, toujours en équilibre sur ses barres, pour y apercevoir la propriétaire de la voix en question.
"... Bonjour?" émit-il en bafouillant un peu à cause de la surprise évidente qui l'avait taraudé.
Puis il émit un petit rire bref de sa bouche toujours fermée lorsque cette personne, qu'il n'avait encore jamais vue auparavant, lui demanda s'il allait faire une chasse au zombie. "Si seulement..." dit-il en s'extirpant de la tombe tel un aventurier sortant de son temple abandonné. "Ne t'approche pas, c'est dangereux."
Ce fut la première chose qui lui traversa l'esprit, ce conseil qu'il venait de divulguer. Son métier était en lui même un peu dangereux, mais ça l'émoustillait plus qu'autre chose.
-  Tu cherches quelque chose? demanda t-il alors qu'il débarbouillait les mains en les faissant claquer les unes dans les autres afin d'avoir l'illusion qu'il serait plus propre ainsi. Sa voix était calme et posée, Lawrence n'était pas en étant de stress ou d'angoisse. Cependant, il gardait une certaine distance, son aspect social n'était toujours pas au beau fixe.

Lorsque Lawrence avertissait du danger, il ne plaisantait pas du tout. Pourquoi fallait il qu'il se trimballe les boulets, les insolents, les téméraires? S'il arrivait quelque chose, ce sera lui le responsable et autant dire qu'il n'avait aucune envie de gérer une chose pareille. Déjà parce que ça attirerait l'attention sur lui alors qu'il voulait se faire aussi discret que possible, mais également parce qu'il aura cela sur la conscience et c'était vraiment la dernière chose qu'il souhaitait. Il n'avait pas prévu de bouger tout de suite, Lawrence, il voulait encore s'établir ici un peu avant de bouger dans une ville bien plus grande, avec plus de monde. D'une certaine manière, ici il était bien. Il y avait pas grand monde, c'était calme, paisible... Exactement ce dont il avait besoin. Mais si les gens se mettaient à le stresser, ça n'allait pas le faire. Il avait envie de tranquillité, faire le boulot qu'on lui demander et être invisible. Pourtant, il voyait les regards curieux rivés sur lui, les questions qu'on lui posait sur là d'où il venait et pourquoi il était ici... Alors, autant qu'il le pouvait, il restait cloitré dans son mobil home. Lorsque la solitude était trop forte, il se risquait à sortir et venir à la rencontre des autres mais il évitait au mieux de le faire.
La comparaison que lui fit cette inconnue lui arracha presque un sourire, mais cela fut de courte durée vu que cette dernière s'était installée comme si de rien n'était malgré ses avertissements. Mécontent, Lawrence la rejoignit et la fit s'éloigner de force de la fosse.

"Ecoute, je ne plaisante pas lorsque je dis que c'est dangereux, ok? Il y a des corps en putréfaction à l'intérieur, rien de bon pour toi. Reste à l'écart, s'il te plait."

C'était marrant, parce qu'il avait l'impression de s'adresser à un enfant. C'était peut être un peu le cas, mais il ne connaissait pas cette jeune femme pour lui émettre cette étiquette aussi hâtivement.
En tout cas, elle avait remarqué le fait qu'il n'était pas du coin, qu'il était nouveau. Et se mit à poser la question qu'on lui avait demandé plus d'une fois. Ce fut en replaçant la pierre qui couvait la tombe qu'il lui répondit.
- Affaires personnelles.
Son ton direct et bref faisait comprendre qu'il n'avait aucune envie de s'étendre là dessus. "Et toi? Qu'est ce que tu fais là?" Parce qu'à bien la regarder, elle ne semblait pas vouloir déposer des fleurs sur la tombe d'un proche.
En tout cas, il aimerait bien être dans la situation de sa théorie. Être en cavale... Il ne l'était pas, mais il pourrait l'être si le moindre pépin montrait le bout de son nez. "Le seul trésor que j'ai, c'est cette pelle. Rien de très foufou, pas vrai?"
En s'installant à Kanab, il n'avait rien amené de précieux. De toute façon, ça n'était pas du tout le sujet de sa présence ici.