I wanna dance (Thorne)

Étirant ses doigts croisés au plus près d’un ciel rougeoyant, Lorelei cherchait à dénouer les tensions accumulés dans son dos puisqu’elle s’était résigné à garder son portable rangé dans son sac à main afin de ne pas relancer un Thorne en retard. Pas que le manque de ponctualité importait à la fleuriste puisque son esprit trouvait toujours de quoi s’occuper, mais adossé au bâtiment qui faisait face au cabinet d’avocat, la brune parierait aisément son alliance qu’il s’écorchait l’âme sur un dossier à coup de “juste cinq minutes”. Le souci étant que les minutes se changeaient en quart d’heure, et qu’à trop vouloir jouer les super héros, ses neurones dopées au café finiraient inexorablement par se péter la gueule et sombrer dans l’improductivité. Pas par manque de volonté, non, mais le corps avait ses limites et la capacité du McKinley à garder les yeux ouverts aussi. Quelque part sans doute, Lorelei se moquait bien de rater leur cours de salsa ; Cela faisait des années qu’elle rythmait ses pas sur les siens et des soirées à deux, ils en auraient encore une infinité d'autres. Elle acceptait volontiers de partager son mari avec le reste du Monde -un peu du moins- si ça pouvait permettre de sauver quelques foyers. Ce qui la pesait en revanche, c’était l’état dans lequel elle le retrouverait si elle le laissait se noyer sous les dossiers. Enterré si profondément sous la paperasse qu’il lui faudrait certainement se racler la gorge pour qu’il réalise qu’une intruse s’était odieusement glissé dans l'enceinte de son bureau. Et si l’idée était désastreusement tentante, force était d'admettre qu'elle lui donnait encore cinq minutes pour se raisonner seul avant qu'elle ne s'étende sur son bureau et ses dossiers afin de détourner son attention de ses dossiers.

Mais Lorelei est déraisonnable, et son envie de s'effondrer sur le dos de son mari en gonflant les joues bien trop tentante pour lui offrir plus de deux minutes supplémentaire. Ainsi donc le pas se rapproche sans perdre plus de temps et, dégainant son portable pour passer commande, la née Addams se fait chat véritable en poussant la porte du cabinet. La finalisation de sa commande à l'autre bout du fil trahit cependant sans mal son intrusion et, puisque l'effet de surprise est saboté par l'absence d'envie de cuisiner, c'est en feignant une posture hautement dramatique qu'elle pose finalement les fesses sur le bureau de son mari et s'étend de tout son long sur ses dossiers en donnant l'adresse de livraison.

-[...]Ca marche ! A dans une demi heure ! Ses yeux bleu accrochent un instant l'âme de l'avocat mais préfère s'en détourner pour feindre un caprice aussi ridicule qu'il est peu crédible tant il divergeait de sa nature profonde. La preuve étant qu'il leur suffit de se couler une seconde à peine vers Thorne pour que le sourire trahisse la malice venu les habiter. "Sur quoi tu bosses, monsieur le justicier ?"

Nul reproche dans l'attitude ou la voix puisqu'elle sait son mari avoir prit pour amante la Justice et l'a depuis longtemps accepté, mais le dos refuse tout de même de se cambrer pour lui permettre de récupérer les papiers sur lesquels elle s'est odieusement couché. Volonté évidente de mettre fin au cravachage intempestif qui frappait l'esprit de son précieux McKinley.

-Tu es conscient qu'à trop pousser ton cerveau, il va forcément faire des erreurs cons derrière n'est-pas ? Que ça va t'énerver et au final te faire perdre du temps. Est-ce qu'il ne serait pas temps de faire une pause Monsieur Mckinley ?

S’étirant grassement sur ce bureau inconfortable, Lorelei a tout du chat venu sagement se poser sur le clavier. Certainement pourrait-elle ronronner si son corps en avait les capacités puisque, le front serti d’un baiser et les sens apaisés par la caresse capillaire, Thorne semble enfin consentir à se détourner du cul sexy de Dame Justice. C’est bien la seule contre laquelle elle peine à rivaliser quand pourtant elle a assigné l’avocat à son lit pour un CDI de plus de dix ans. Évinçant sans le vouloir toutes les autres, sauf cette froide entité que l’on priait au détour de procédure aussi longue que chiante et qui, si elle semblait toujours tirer la gueule au-dessus de sa balance, persistait à tenir Thorne loin des draps conjugaux. La fleuriste s’estimait pourtant un poil plus convaincante lorsqu’elle s'effeuillait sur ceux-ci mais le Temps lui avait forcé à admettre que Thorne et Ophely prenaient leur pied dans les joutes verbales où l’on brillait par sa rhétorique et écrasait des collègues au sens moral parfois plus que douteux. De fous alliés. Des fous à lier, surtout. Hélas Lorelei ne pouvait pas même les blâmer puisque si son mari l’avait connu quand elle était encore étudiante et donc un poil moins impliqué dans le milieu équestre qu’elle ne l’était aujourd’hui, force était d’admettre qu’à l’époque elle aussi était bien ravagée. Elle l’avait un jour abandonné au cinéma pour aller faire marcher un Ghost en pleine colique et préférait camper sur des bottes de pailles avec son plaid lors du bal des naissances pour s’assurer que les poulinages du ranch Mckinley se passaient sans accroc. Ne parlons pas même des rencontres accès sport et élevage puisqu’elle avait tout bonnement l’air possédé lorsqu’elle sortait de tête  les arbres généalogiques de ses chevaux ou reconnaissait d’un coup d'œil telle ou telle lignée, avant de secouer à demi le bras de son mari en lui vantant leurs qualités.

Le troisième soupire signe pourtant la victoire de la née Addams sur Dame Justice et sitôt l’avocat recule t’il sa chaise que la brune se redresse à moitié pour lui faire face. Replaçant d’une main adroite ce qu’elle avait pu décaler dans sa chute avant de se stopper net, un canine tout juste posée sur sa lèvre inférieure. “Arrête ça…” souffle t’elle à peine devant l’évocation de son nom de jeune fille, quand bien même l’oeil ne résiste pas à l’envie de se perdre dans ceux de son aimé. Arrête ça. Parce qu'elle se sentait toujours affreusement stupide lorsqu'ils retombaient au début de l'âge adulte, et qu'elle se savait aujourd'hui trop amoureuse pour s'armer de la légendaire désinvolture qui avait été la sienne à l'époque. Ils ne jouaient plus à arme égale depuis qu'elle lui avait jeté au visage son cœur et son âme puisqu'il les avait gardés en main, ce con.

-Parce que tu sais comment ça va finir ; Je vais me sentir obligé de répondre quelque chose de stupide, tu vas faire une blague nulle par dessus, et dans dix minutes je finis de nouveau couché sur le bureau. Elle n'avait pourtant pu s'empêcher de répondre du tac au tac, se penchant sur le corps de son mari pour pendre ses bras à son cou. "Et si ton dossier t'embête autant, il y a des chances pour que ce soit également le cas d'Ophely. Elle va à son tour vouloir faire des heures supp' et, de fait, finir traumatisée. Ca s'rait triste Mckinkey."

Le ton s'était naturellement abaissé, tout juste murmuré contre ses lèvres pour en jouer puisque le brun avait odieusement commencé. Hélas, si le souffle promettait le baiser, force fut d'admettre que la fleuriste se plu à cultiver l'instant sans le lui accorder. Elle préféra se raviser, terrible harpie, et fit mine de jouer avec un stylo pour répondre à sa question.

-Pizza hawaïenne. Deux. C’était faux, elle avait prit mexicain puisqu’elle se savait être l’une des rares de ce monde à vouloir de l’ananas sur sa pâte à pizza. La dernière fois que le débat avait été jeté au dessus de la table elle avait du poser pied sur la chaise pour offrir un discours plein de solidarité envers le seul pizzaïolo de la ville qui s’essayer à populariser cette “hérésie” : C’était son devoir de citoyenne Kanabienne que de le soutenir. Mais si ton plaidoyer est convaincant, je peux rappeler Marco et lui dire que j’annule notre commande.

Dissimulant le stylo derrière son dos puisque son propriétaire cherche à le récupérer, Lorelei pince son mensonge entre ses deux fossettes creusée. Signe évident que l’avocat avait raison de douter puisque la jeune femme ne savait pas mentir et pinçait tant bien que mal son sourire pour le lui cacher. A moins que ce ne soit l’idée de défi qui lui jette au regard un tel enthousiasme ? Quoi qu’il en soit, ce seul mot semble la piquer subitement d’orgueil au point de redresser un peu son menton devenu impérieux. Elle attend, juge patiale et inexpérimentée, et croise les jambes devant son mari pour feindre un semblant de sérieux quand tombe un point premier qu’elle rejette d’un simple mouvement de main. Si elle connaissait l’avis de son aimé sur cette pizza-chérie, force était d’admettre qu’il n’était ce soir pas en position d’imposer le moindre repas puisqu’il lui aurait odieusement posé un lapin devant leur cours de danse si elle ne s’était pas posté à quelques pas seulement du cabinet. Les lèvres s’entrouvent alors mais se ravissant, préférant le laisser engager un argument qui, lui, arrache à la fleuriste une moue quasis infantile. “Les pizza hawaïennes méritent une exception à cette règle” Ose t’elle tout juste, aux frontières du murmures, avant de s’enhardir sur ce “nonobstant” venu lui rendre un soupçon de crédibilité.

-D’autant plus si ces heures supplantent notre cours de danse hebdomadaire. Il était l’une des conditions à notre mariage et la bafouer de la sorte pourrait vous couter cher, Maître Mckinley.

Le sourire à tant bien que mal disparu pour feindre le sérieux quand celui de son mari n’est plus, mais bonne joueuse elle concède tout de même à lui rendre son stylo avant de se glisser hors du bureau pour cercler autour de la chaise de l’avocat. Mains dans le dos, elle reprend d’une voix claire ;

-En qualité de partenaire, j’aurais de ce fait était astreinte à marcher sur les pieds d’un autre et vous comme moi savons que c’est Monsieur Sunnyside qui aurait sauté sur l’occasion de prendre votre place. Soutenir sa conversation aurait sans nul doute constitué un préjudice moral de la plus haute importance si votre absence n’avait pas pressé mon pas loin de notre lieu de rendez vous. Et ne parlons pas même de l’idée de pouffer à ses blagues grasses : mon égo aurait été irréversiblement mis à mal.

Intuitivement elle s’était mise sur la pointe des pieds pour se grandir, reprenant méthodiquement certaine des mimiques de son mari quand elle parvenait, en dépit du sourire qui nichait à la commissure de ses lèvres à chaque pose, à feindre un semblant de sérieux.

-C’est donc en qualité d’épouse que je me constitue victime, Maître Mckinley, et réclame réparation : Une soirée à deux, un verre, et un repas mexicain. Avoue je le fais bien !

Stoppé net dans sa marche pour offrir à son mari un sourire radieux, Lorelei avait tapé par deux fois dans ses mains pour mettre fin à cet exercice ridicule qu’elle estima avoir relevé de manière certes informelle, mais "pas trop mal". Ses lèvres se posèrent toutefois sur sa joue pour signer le fait qu’elle ne lui tenait nullement rigueur de ce cour manqué puisqu'elle se savait en mesure de trainer Thorne au bar grâce à ça.

Sunnyside. Elle fait mouche, petit fauve, mais feint le détachement quand elle sait pourtant cet avocat de pacotille avoir un oeil trop insistant sur ses épaules. Passé la rivalité salariale et les manières grasse, elle réentend surtout ce Maître incapable de lui vendre l’idée de boire un verre proposer ses services en cas de divorce ; “Pour les papiers, et après.”. Brrrr. Le revoir lui claquer lourdement trois clin d’oeil à la suite, au cas où elle n’avait pas compris l’allusion, lui flanquerait presque des frissons. Ce n’était pourtant pas faute de le recadrer en feulant tout son fiel mais le p’tit Bobby était du genre obstiné. Et masochiste, surtout. Il faut l’être pour s’essayer à charmer la née Addams et croiser ensuite le regard de son mari. Le sourire s’esquisse cependant devant la reddition de Sir McKinley et le plus théâtralement du monde, puisque tout ceci était en définitive bien ridicule aux yeux de la fleuriste, celle-ci redresse le menton trop haut pour signer le verdict. Si elle n’avait pas été d’humeur joueuse, sans doute se serait-elle contenté de le saisir par cette cravate qu’il défaisait pour le plaquer sur l’un des sièges de la voiture et ainsi l’arracher de force à ses dossiers. C’est qu’elle se faisait du souci pour les yeux de son petit vieux comme elle aimait le siffler à son oreille quand il plissait les yeux après les avoir bousillé dans la pénombres. Les manches se remontent, comme les poings de sa femme se porte à ses hanches dans une expression inflexible puisqu’elle prenait soin de voir la sentence exécuté proprement. “Satisfaite, Madame ?” Pas tant qu’elle n’aurait pas son baiser. Elle se charme pourtant sur cette douce caresse, lève aussitôt son regard amoureux pour croiser le siens et, cueillant de ses lèvres une charmante attention, la jeune femme soupire à en affaisser ses épaules. C’est elle qui se rend, au final. Pas même capable de faire la tête quand tout pourtant en elle le voudrait. Elle se voudrait capricieuse, dramatique, mais ressent tant et si bien la culpabilité de son mari qu’elle ne sait plus même croiser les bras sous sa poitrine en piquant de sa langue. Il serait pourtant simple de rebondir en tournant la tête sur le côté, boudant un “une soirée pas suffisamment parfaite pour que tu la préfères à tes dossiers.” qu’elle n’est pas même capable de concevoir puisque c’est là quelque chose aux antipodes de sa personnalité. De son fonctionnement. Pas assez sournoise, elle aime jouer franc-jeux et prend de fait place sur la chaise de son mari afin de croiser les bras sur ses cuisses. Callant son propre menton dans le creux de son coude.

-Je sais que tu l’es. Elle marmonne un peu ainsi positionnée, mais réclame tacitement des caresses capillaires qui sauront expier ces odieuses heures supplémentaires. “Mais je savais à quoi m’attendre en décidant d’emboiter le pas d’un forcené. Avocat, qui plus est.” Reprend t’elle sans animosité. Doucement la tête s’incline sur le côté pour observer en contre plongée son époux et un sourire malicieux point au coin de ses lèvres. “Ou alors j’aurai dû en épouser un qui travaille mal. Madame Sunnyside… Ca pourrait être charmant tu ne crois pas ?”

Une vie dans un pavillon aseptisé, bien loin du ranch McKinley… Fut un temps, c’était peut être ce à quoi elle avait aspiré quand elle se rêvait encore pédiatre dans une grande ville, loin du domaine familial, puis du ranch de celui qui l’avait élevé. Si elle avait toujours aimé les animaux, elle se rappelle avoir déjà crié au visage d’Elijah qu’elle ne serait jamais fermière et pourtant… Si elle pouvait tout plaquer pour prendre en charge la gestion du ranch des McKinley afin d’aider plus qu’elle ne le faisait, c’est sans la moindre hésitation qu’elle le ferait. Si elle n'avait jamais eu peur de relever ses manches, force était d'admettre qu'elle adorait ça finalement.

-Une chance pour toi, tu carbures encore au lit ; Je perdrai au change.

Pinçant sous ses fossettes creusées une moue singulièrement malicieuse, Lorelei garde bien pour elle qu’elle se sait en mesure d’imiter la signature de son mari et que fausser des testaments était une pratique qui ne datait pas d’hier. Qu’il était de plus preuve de désamour de ne pas les avoir encore mise dessus, elle et Hazel, pour presser les mains de son mari à reprendre les caresses afin de panser un égo faussement meurtri. Un simple regard, aussi perçant qu’il se faisait vecteur de ses pensées, le traduisit mieux que les mots. Aussi étire t’elle ses bras sur les genoux de Thorne, creuse un peu le dos pour le libérer des tensions accumulées, mais ne peut retrouver sa posture initiale puisque interpellée par la nervosité à peine perceptible qui s’est faufilée dans le rire de son mari. Si elle n’est en rien télépathe et lui donne pour origine la perspective de voir Lorelei jeter son bouquet de rose au bras de cet avocat médiocre, force est d’admettre qu’elle s'enhardit sans mal sur la menace prononcée. Retirer ses mots ou dormir seule ? C’est elle qui ricane, accrochant ses doigts à la chemise de son aimé pour se redresser et approcher ses lèvres au plus près des siennes. “La perspective de prendre toute la place sur notre matelas ne m’effraie pas, McKinley”. C’est faux. Ou du moins pas tout à fait vrai puisqu’elle ne dormait que d’un œil lorsqu’il lui faisait des infidélités dans ce bureau mal éclairé. Ça ne l’empêche pourtant pas de reprendre dans un murmure, tout juste soufflé contre les lèvres de son mari pour les narguer un peu. “Madame Sunnyside”. Mais puisqu’il est vrai que Thorne ne se débrouille pas trop mal au fourneaux, quand bien même elle plissait toujours les yeux quand elle lui demandait de l’aide dans ses propres recettes, la fleuriste daigne le relâcher pour lui permettre de s’étirer un peu.
S'il se redresse, elle demeure quant à elle assise pour vérifier d'un coup d'oeil ne pas avoir de message paniqué d'Elijah -son père adoptif- concernant la garde de Hazel. La musique venu bercer ses oreilles la décroche pourtant bien vite de son fond d'écran à l'effigie de ses chevaux, et la détourne de cette absence de notification.

-Essayeriez vous de me charmer, sir McKinley ? Mon amant pourrait s'en offusquer. Son amant. Pas Sunnyside, grand dieu, non, mais bien son petit Ghosty Mountain Lion qui devait comater de tout son saoul la gueule enfoncé dans l'herbe. Elle s'avance pourtant d'un pas fauve, lie ses doigts aux siens, mais se laisse aller à un soupire d'aise quand elle croise ce sourire encore trop charmant en dépit des années. "Et que dirais la vôtre, d'amante ? Tant d'indécence jeté sous son nez..."

Elle se moque bien des protestations toute offusquée de Dame Justice, Lorelei, mais marque de ses griffes posé sur les hanches de son mari un territoire conquis par les années. "Mine." Soufflait-elle à l'époque, quand ils se cherchaient encore et qu'elle jurait pourtant qu'il n'y avait entre eux rien de plus qu'une symbiose toute charnelle. Quand elle arguait toute féroce qu'ils n'étaient "Juste un plan cul", mais daignait ne plus le dégager de ses draps du bout du pied parce qu'il avait les bras confortable et qu'elle était crevée. Comment en étaient-ils arrivés là ? Elle se le demandait bien parfois, quand au dessus de son café elle voyait Hazel courir vers les chevaux et la meute McKinley. Le soupire qu'elle pousse en pendant son regard au sien est quelque peu désespéré, il est vrai, mais en définitive elle ne parvient pas à se défaire de son sourire. Jamais.

-Rappelle moi comment on en est arrivé là, toi et moi ? Je n'étais pourtant pas attachée le jour où tu m'a passé la bague au doigt... Si elle s'était figé un peu connement en se demandant si c'était une blague ou non, elle se rappelle très clairement avoir chouiné la main devant ses lèvres tout en lui offrant l'autre. Le silence n'avait duré quatre seconde, au maximum cinq. On s'était dit "juste un soir", pourtant.

Mood

“Elle n’est qu’amante”. L’odieux frisson qui avait mordu la peau de Thorne quelques seconde auparavant à l’évocation d’un gougnafier aussi piètre avocat qu’il était beau parleur se change en délice imperceptible sur celle de sa femme, devant ces trois mots. La suite ne fait qu’un peu plus flancher son cœur. Elle se sent plus adolescente que femme et mère pourtant, Lorelei, ainsi prise dans son regard puisque la nitescence toute céruléenne qui était la sienne la charmait comme les plus beau trésors enfouit sous la mer. Lui soufflait des appels à l’aventure, comme lorsqu’elle avait seize ans. Elle nagerait et naviguerait sur (ces) mers féroces sans jamais avoir peur de (se) noyer (♫) puisqu’en définitive “Tout est possible du moment qu’on a assez de cran.” comme l’avait un jour couché Rowling sur les lignes d’Harry Potter. Et si du cran, jamais la née Addams n’en avait manqué, force était d’admettre qu’elle s’enhardissait toujours effroyablement sous le menton de celui qu’elle avait pris pour mari. Folle elle en était, et jusqu’à sa mort elle en resterait folle. Cette épanadiplose n’avait de poétique que sa stricte vérité puisque si elle s’était parfois essayée à se projeter vivre divorcée du fait de la profession de son mari, elle se savait avoir trop fondé avec lui, s’être éprise si viscéralement qu’il avait irréversiblement bouleversé son palpitant. Ce n’était plus une petite fébricule qu’il lui avait jeté au coeur, mais un feu véritable et pour ça elle devrait piauler le haïr avec la même intensité que brûlait son amour. Parce qu’elle se sentait sotte, Lorelei, à babiller innocemment ses mots doux quand elle avait la faiblesse de ne plus lever haut le menton et se jouer de lui. Quand elle se laisse surprendre par les rougissements et le fait que le jour sublime les traits de Thorne. Nul doute qu’elle aurait dû lui siffler qu’elle le détestait chaque fois qu’elle avait fini plaquée à un mur pour compenser le fait que la terrible succube qu’elle était s’était faite fée. “[...]ou peut-être aux menaces de Slade ?” Elle rit de bon coeur, la McKinley, ne craignant ni la tempête, ni @Slade McKinley, et si la tentation de jouer d'orgueil la pique foncièrement c'est considérablement que le regard s’adoucit. Le sourire de ce foutu éphèbe était indéniablement charmant mais c’était définitivement son humour désastreux qui l’avait faite flancher. Je te hais, bon sang je te hais voudrait-elle répéter puisque déjà elle sourit devant cette douce proposition qui s’offre à eux. Il a raison ; elle avait bien trop commandé pour deux, soucieuse qu’il ne mange pas assez et consciente qu’elle aurait certainement la flemme de cuisiner le lendemain un petit déjeuner décent puisqu’elle préfèrerait peser de tout son poids sur son mari afin de le garder couché.

Le cacochyme de son coeur tue doucement l’égo puisque les “je le hais” qui s'évertuaient jusque là à ponctuer leur danse comme on en compte ses temps se perdent en route. Elle voudrait pourtant le haïr puisqu’elle s’était jurée sur la moto de son père biologique qu’à tout jamais elle ne vivrait que pour elle, et elle seule. Qu’elle demeurerait fauve terrible et solitaire, rugissant au sommet de sa montagne comme le Puma mangeur d’homme qu’elle était. Le lion des montagnes avait pourtant bondit hors de son promontoire rocheux et ronronnait aujourd’hui sur le lit d’un homme devant lequel trop longtemps arguée ne vouloir que du sexe. Pas de sentiments, pas de mots doux, au point de prétendre encore au “rien de sérieux” quand elle avait foutu la première fois les pieds au ranch. Elle avait affronté l’interrogatoire du patriarche avec toute la désinvolture qui était la sienne, et claqué un “il baise bien” quand on lui avait demandé pourquoi Thorne. Soupirant largement lorsqu’elle abat finalement son menton sur l’épaule de son mari, Lorelei boude un peu -A peine- et perd le rythme de la salsa au profit de quelque chose de plus lent pour bercer son petit égo meurtri :

-J’ai perdu. Murmure t’elle enfin “Ce n’est pas moi qui t’ai dompté, Thorne McKinley, c’est toi qui m'a honteusement capturé !” Lorelei, celle qui avait cassé le coureur de jupon pour en faire un mari appliqué. Foutaise. C’est lui qui avait définitivement changé le lion en chat et réaliser qu’elle avait perdu de ses airs truculents lui donnait l’allure d’une infante un poil capricieuse. Vexée. Elle devrait le bouffer mais n’avait qu’envie de mignoter puisque enchantée par chacun des gestes et attention de celui qui avait clamé ne pas vouloir devenir fermier et qui remontait pourtant les hanches quand elle criait au secours puisque débordée par les box à faire. Nouveau soupir. Elle reprend le rythme de la danse comme si elle craignait que son prof ne survienne derrière son épaule comme à chaque fois qu’elle était prise d’un fou rire et tentait d'une main posée sur ses lèvres de le faire taire.

-Même sous cet immonde éclairage tu es aussi beau qu’au premier jour, tu sais. Je suis contente de ne pas avoir pris la fuite la première fois que tu m'as amenée au ranch ; j'aurai regretté une vie passée sans toi.

Même si elle avait certainement plissé les yeux de manière suspicieuse ce jour là, avant de daigner monter dans la voiture en répétant qu'elle ne venait que pour voir les chevaux et pas pour ramasser des cucurbitacées. C'était pourtant odieusement faux. Elle avait été piqué de curiosité Lorelei, et clairement tentée par l'idée d'en apprendre un peu plus sur ce petit con qui partageait trop souvent ses draps. D'un geste tendre alors, elle libère l'une de ses mains pour replacer une mèche tordues du McKinley qui lui fait face, plus mue par le plaisir de toucher que piquée par une envie d'ordre. Marquer par le geste son amour puisqu'en définitive elle se plaisait bien trop à taquiner quand elle voudrait pourtant murmurer des "je t'aime". Elle ne le disais pas assez, non, usait des mots doux pour quémander ou se jouer de lui, mais il était indéniable que chacun de ses gestes étaient emprunts d'un amour aussi sincère qu'il était évident. Il était tombé amoureux le premier, mais elle s'était cassé la gueule le plus fort.

Le pire goujat qu’ait un jour engendré la Terre, Lorelei n’en doutait pas, non, mais se savait suffisamment habile pour lui claquer la porte au nez avant même qu’il n’ose le mot de trop. N’outrepasse largement les limites définies entre elle et lui. Plissant pourtant le regard de délice avant de le clore totalement lorsque son nez fut le plus joliment du monde sertit d’un baisé, c’est vivement que l’autrefois Miss Addams se laissa arracher au duvet réconfortant de l’amour par une sonnerie crasse. L'opération lui arrache un grondement léger mais c’est dans un effort de socialisation que la voix s'adoucit à l’autre bout du combiné quand pourtant elle joue de sa main libre à prendre en chasse celle de son aimé. “Le repas est là ?” Lui demande t’il. “Non, mais mon amant oui.” Qu’elle lui répond avec une désinvolture telle que le livreur, à l’autre bout du fil; balbutie un peu avant de raccrocher. Malicieuse pourtant, la brune claque un instant les fesses de Thorne pour l’inviter à dégager d’une route destinée à les sustenter avant de ramener à la manière d’une lionne revenue de sa chasse quotidienne un sac en plastique qu’elle plaquerait sur le bureau si celui-ci n’avait pas bougé. “T’es con.” Pouffe t’elle alors en venant quérir du bout des doigts la joue de son mari une fois qu’elle eut trouvé place, en tailleur, sur cette nappe improvisée. Déballant méthodiquement les mets pour les disposer équitablement entre eux puisqu’elle se savait capable de vouloir engraisser Thorne et pousser la majorité des plats en sa direction, quitte à froncer les sourcils sans dire mot puisqu’elle jugeait qu’il ne mangeait pas assez, Lorelei manque subitement de s’étouffer avec la première gorgée de son coca cherry quand son mari s’essaye à une forme de dialogue qu’elle trouve aussi bateau que futile ; si elle avait quelque chose à déplorer dans sa journée, il ne faisait nulle doute que Thorne aurait vu son portable s’alourdir sous les messages puisqu’elle s’en serait plainte bien avant de trôner sur le tapis, entre les plats mexicain.

-Elle trouvera son intérêt quand tu me jetteras sur le lit, McKinley.

Souffle-t-elle faussement innocente en minaudant au-dessus des plats puisque hésitant sur le premier à déguster. Coulant un bref regard en direction de Thorne, la tentation de soupirer qu’en plus elle portait sa culotte préférée fut grande mais se contorsionna si bien sous les canines de la brune qu’elle finit par s’effacer. Le sourire, aussi charmant qu’il semblait pourtant carnassier, trouva cependant son chemin au coin de ses lèvres et trahit sans mal ce simple fait.

-Mais il y a de forte chance pour que, dans ta vieillesse naissante, j’ai à te faire rouler jusqu’à notre lit et que tu t’endorme de tout son soûl sous le poids du comas digestif…

Pinçant sous ses charmantes fossette un caprice qui ne lui sied guère, Lorelei avait surtout le regard fauve. Perçant, puisque animé par une lueur chargée de défi. Faussement sage, pourtant, elle pince la fourchette sous ses lèvres et fait mine de se détourner de son mari.

“Tant pis ! Je prendrais ma douche seule…”