Catharsis (Kait)

Jour off. Du moins l’était-il supposé puisque même tenue loin de la boutique et avec Hazel à l’école, rares étaient les jours où Lorelei daignait se recoucher. L’envie y était pourtant puisque son corps semblait ankylosé sous des douleurs chroniques qui, en dépit de sa fierté, finissait inexorablement peser sur le moral, mais si d’autre étaient chargés de nourrir les chevaux l’occasion était trop belle pour ne pas prendre son thé contre le flanc couché de son petit vieux. Ghost n’était pas éternel, Lorelei se le répétait souvent puisque les années de compétition intensives l’avaient usés prématurément et qu’elle se voulait prête au jour où il faudrait lui coller sur le nez son ultime baiser ; ça ne l’empêchait pourtant pas de vouloir retarder l’échéance au mieux et œuvrer pour faire de ce petit retraité à la robe de jais un petit vieux en forme. Aussi s’était-elle saisis d’un jean et avait filé, infusion en main, en direction des paddocks pour saluer celui qui fut champion de barrel racing. Sa succession broutait non loin mais la nostalgie poussa la McKinley d’adoption à murmurer tout bas, là, au dessus de sa tasse sertit de nuage que putain, Ghosty Mountain Lion, même à son arrivé au ranch, c’était quelque chose. A l’époque de son emménagement elle ne pouvait déjà plus concourir mais avait jeté des cavaliers sur son dos pour le voir enchaîner les records. Si aujourd’hui elle reprenait les compétitions en amateure pour la sauvegarde du coeur de Thorne, ce n’était plus sur le dos de cette furie noire. Lui, elle l’avait reconvertit en thérapeute pour le bien de sa fille et ne pas le laisser déprimer au fond de son champ puisque passé d'Athlète à Oublié. C’est qu’il avait encore envie de galoper jusqu’à s’en péter les tendons et fanfaronner devant le cœur de ses dames.

S'abattant lourdement contre les côtes de son cheval en pleine sieste, Lorelei prend garde à ne pas renverser son infusion mais baille à s’en décrocher la mâchoire lorsqu’elle tente de vocaliser le programme du jour. Son dos lui fait un mal de chien et l’envie de monter n’est pas là, mais il le faut bien ; si certains chevaux ont le sens du bétail, leur tri n’est pas inné et il faut bien les entraîner à lire les mouvements des vaches. Et puis, elle a promis de donner un coup de main la veille. “Mais note que ça nous laisse la matinée en amoureux.” Lance t’elle finalement à Ghost qui souffle paisiblement dans ses cheveux. L’oeil se laisse pourtant happer par une ombre dessiné dans l’herbe et c’est d’une voix claire et forte qu’elle se décide à la cueillir avant même de voir son visage ;

-Tu essayes de me soudoyer pour faire les box parce qu’on a des absents, où tu as finalement trouvé la motivation de poser ton cul sur un cheval ?

Elle noie son sourire satisfait dans son infusion pomme-cannelle quand elle réalise qu’il s’agit bien de Kaitlyn et que cette dernière rode un peu trop auprès des paddocks ces derniers temps pour ne pas trahir son envie de remonter. Ou de réconfort. Les chevaux avaient l’avantage de ne pas juger. Levant laborieusement sa carcasse pour approcher de la clôture et y croiser les bras, la fleuriste retrouve bien vite son allure toute féline et désinvolte. Elle a dans l’oeil un peu de malice et un sourire trop charmant pour ne pas trahir le fait qu’elle ait quelque chose planqué sous les neurones.

-J’te prête mon vieillard si tu veux. C'est une crème avec Hazel.

@Kaitlyn McKinley

Kaitlyn avait toujours aimé la vie au ranch. Les travaux manuels ne lui avaient jamais fait peur et elle maniait aussi bien une fourche qu’elle montait à cheval ou réparait une clôture. L’écurie était son endroit de prédilection depuis qu’elle était petite. A vingt six ans, elle aimait toujours autant l’odeur des cuirs et du foin, mêlée à celle des chevaux. Cela lui apportait quelque chose de réconfortant et d’apaisant. C’est pourquoi elle venait souvent y trainer ses guêtres lorsqu’elle était soucieuse ou qu’elle avait le cafard. Ce qui était souvent le cas depuis son accident, il fallait bien l’avouer. L’amnésie dont elle souffrait la rendait dingue. Ne pas savoir alors qu’elle était persuadée que l’identité de son agresseur et ses motivations étaient dissimulées là, quelque part dans les tréfonds de sa mémoire défaillante. Cela la frustrait au plus haut point, sans compter qu’elle redoutait d’attirer un quelconque danger sur sa famille. Certes, ses frères étaient de grands garçons tout à fait en mesure de se défendre et de la protéger, mais il y avait également Loreleï et Hazel à prendre en compte. S’il leur arrivait quoi que ce soit par sa faute, Kait ne se le pardonnerait jamais. Elle avait déjà songé à quitter le ranch provisoirement du moins, le temps que la lumière se fasse sur toute cette affaire. Mais pour aller où ? De surcroit jamais les frangins McKinley ne la laisseraient partir.

Et depuis peu, il y avait une nouvelle donnée à l’équation. Un beau brun ténébreux qui avait attisé sa curiosité et son intérêt de par son comportement déroutant, pour ne pas dire détestable par moment. Elle avait beau se tancer qu’elle devait le sortir de sa tête et se focaliser sur autre chose, en vain. Et ça aussi, cela l’agaçait fortement. Plus perdue que jamais, Kaitlyn avait donc pris machinalement la direction des écuries, passant devant les paddocks où un calme paisible régnait, seulement troublé par le bruit de la mastication des chevaux présents. Ou presque.

-Tu essayes de me soudoyer pour faire les box parce qu’on a des absents, où tu as finalement trouvé la motivation de poser ton cul sur un cheval ?

Kait réprima un sursaut, tant elle était persuadée d’être seule alentours. « Lorel ? Tu m’as fait peur ! » avoua-t-elle, tout en rejoignant sa belle-sœur, qui était confortablement installée contre le flanc de son cheval. Toutefois, elle n’y resta pas, se relevant pour venir l’accoster à la clôture. Visiblement, Loreleï avait une idée derrière la tête tout en scrutant la rouquine d’un air malicieux. « Vu mon état d’esprit actuel, je risque de le submerger de mauvaises ondes ton vieillard. » émit-elle avec une grimace, en guise de réponse. « Et puis, tu mérites bien d’avoir toi aussi un moment privilégié avec lui. » ajouta-t-elle, consciente d’avoir interrompu ce moment.


@Lorelei McKinley

Soufflant la fumée de son infusion en direction de sa belle-soeur, le regard de la fleuriste gagna une étrange intensité tant il semblait en mesure de creuser jusqu’à l’âme pour l’en saisir. C’est qu’elle avait les yeux clairs, Lorelei, et une franchise qui ne s'embarrassait d’aucun complexe. Elle se méfiait de ceux qui fuyaient ses iris aux couleurs de l’eau mais avait la fâcheuse tendance à les fixer, si bien qu’elle se faisait parfois plus intimidante qu’elle ne l’était. Mauvaise communicante qui tenait parfois plus du puma que de l’humain civilisé, la née Addams était pourtant douée d’un instinct qui lui piquait les muscles chaque fois qu’elle flairait le parfum de l’Inhabituel ou de l'Étrangeté, et quand bien même il serait aisé de lui répondre que la présence de Kaitlyn n’avait rien de bien singulier, c’est certainement à la manière d’un chat qui se balançait au sommet des branches que la brune soufflerait son désaccord. La présence de Kaitlyn n’avait rien d’inhabituel, mais son pas l’était. Toute l’atmosphère qui l’entourait l’était, depuis son accident. Rien de bien étonnant ; celui qui avait retourné Lorelei avait renversé son estomac et ses pensées des mois durant, mais la jeune femme  ne pouvait s’empêcher de croire qu’il y avait sous l’esprit embrouillé de la dernière née McKinley des choses qui lui était invisible et qui pourtant lourdement pesait.

-Tu parasiteras forcément ses émotions mais ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise chose. Se contenta-t-elle alors de répondre, avant de poser ses lèvres sur le bord de sa tasse. “Lors de ma dernière fausse couche j’ai eu besoin de ce genre de miroir pour comprendre que je faisais fausse route alors que ton frère me le disait. Mais il y a un fossé entre l’entendre et le réaliser.”

Dévastée, convaincue que sa matrice était pleinement nécrosée puisque ce n’était pas la première fois qu’elle perdait un enfant et qu’elle venait à se convaincre dans ses pires moments que l’autisme de sa fille était de son fait, Lorelei aurait dû réaliser qu’elle s’embourbait au moment exacte où Ghost lui avait tourné le dos dans le pré. C’est qu’elle avait le pas rapide et le visage effroyablement fermé, ce jour-là, et son cheval n’avait eu en rien l’envie de travailler à ses côtés. Elle s’était pourtant acharnée, lui courant après,  persiflant au pansage puisque même elle avait ses moments cons. Au final elle s’était découragée à le monter et était rentrée en claquant la porte tant l’experience l’avait frustrée. Elle en avait pleuré, ne comprenant tout d’abord pas pourquoi le sort s’acharnait, puis avait doucement repensé ses actes et s’était glissé dans le paddock de sa petite perle pour s’en excuser. Il ne lui en avait pas tenu rigueur, les chevaux n’étaient pas rancunier, mais la culpabilité avait été telle que la Mckinley avait ressentit le besoin de se faire minuscule contre lui. A n’en pas douter, si elle s’était décidée à travailler le mustang qu’elle avait ramené au ranch à quelques heures de l’accident de Kaitlyn, elle aurait fini mordue ou bottée. Cette seule idée lui arracha un soupire qui avachit ses épaules  ; Elle avait parfaitement conscience que ce pie à la crinière bicolore la confrontait à ses propres démons avec une vivacité effroyable. A chacune de ses difficultés, au point où elle se sentait parfois impuissante devant ce qu’il essayait de lui communiquer. Elle ne le comprenait pas, mais parce que quelque chose en elle le refusait ; toute superstitieuse qu’elle était, Lorelei ne pouvait s'empêcher de superposer sa venue avec l’accident de sa belle sœur quand pourtant elle les savait en rien liés. Sans doute remercierait-elle les cieux de l’avoir eu pour mentor un beau jour puisqu’on ne sortait que grandit de ce genre d’expérience, mais pour l’heure elle tirait toujours un peu la gueule quand on lui demandait comment s’était passé sa séance avec ce démon furieux.

-Mais si tu n’as pas la foi de monter le cheval le plus charismatique du ranch… Oui, Lorelei était folle de son cheval. De tous ses chevaux à dire vrai, même de lui, puisque si elle l’avait arraché aux circuits du rodéo et avait longuement bataillé -autant sur son achat que pour le charger- c’est qu’elle avait perçu tout son potentiel. S’était entièrement laissé charmé par ce je-ne-sais quoi qu’il vêtait derrière ses airs cassés. “Peux t’être pourrais tu m’aider ?”

Marque t’elle après un silence, une expression un peu plus grave sur les traits. S’il était évident qu’elle ne jetterais personne sur le dos de ce cheval qu’elle n’avait pas encore prit la peine de renommer, force était d’admettre qu’elle avait la sensation qu’il s’agissait là d’une rencontre à faire.

-Je n’ai toujours pas trouvé le nom de Monsieur “7891”, mais je suis en bonne voie de lui retirer son étiquette. Tu veux me tenir compagnie pendant que le m’essaye à l’en libérer ? Retirer le numéro qui pendait à la gorge des chevaux capturés était à la fois cathartique et délicat ; un processus long qui nécessitait beaucoup de patience -autant pour l’Homme que le cheval- et qu’elle refusait toujours de bâcler puisque c’était en un sens les premières base de leur relation. En un sens, oui, parce que pour le manipuler de la sorte Lorelei avait dû réaliser tout un travail d’approche en amont. Qui sait, tu lui trouvera peut être un nom un poil plus doux que "Face de limande".
@Kaitlyn McKinley

Lorsque Thorne avait présenté Lorelei à ses frères et sa sœur, ainsi qu’à leur père, Kaitlyn avait immédiatement pris en affection sa future belle-sœur. Elle était pétillante, franche, parfois déroutante, et surtout, elle supportait et canalisait les humeurs de son aîné. Ce qui tenait de l’exploit, il fallait bien l’admettre. Et maintenant qu’ils vivaient tous les deux au ranch, Kait était plus que ravie d’avoir une présence féminine supplémentaire à ses côtés dans ce monde de mecs. Mais au-delà de tout ceci, Lorelei était une femme perspicace. Parfois trop. La rouquine sentait le regard de Lorel peser sur elle comme si elle était capable de lire dans ses pensées. Mais consciente que cette dernière avait souvent de sages paroles, elle l’écouta consciencieusement. « Tu penses que je fais fausse-route ? » demanda-t-elle tout en fronçant les sourcils. Comment pouvait-elle faire fausse-route alors qu’elle ne savait même pas où elle allait ?

Finalement, Lorelei paraissait changer son fusil d’épaule, émettant le fait qu’elle pourrait peut être l’aider. Kait lui adressa un regard interrogateur, avant que sa belle-sœur ne rentre dans les détails. Oter l’étiquette accrochée à l’encolure de sa dernière acquisition. Kaitlyn en avait vaguement entendu parler, parce que Slade lui avait avoué, lorsqu’elle était encore convalescente, avoir un peu « aidé » Lorelei dans sa folie avec ce mustang, tout ça sans que cela ne parvienne aux oreilles de Thorne. Visiblement, l’animal leur avait donné du fil à retordre. « Monsieur 7891, hein ? » Un léger sourire flotta sur les lèvres de Kaitlyn, qui en oublia l’espace d’un instant ses propres préoccupations. « C’est le fameux mustang que tu as ramené avec Slade, c’est ça ? » Elle se pencha vers Lorel. « Slade m’a mise dans la confidence figure toi. » Sans doute dans le but de la distraire tandis qu’elle se morfondait au fond de son lit, courbaturée de partout. Elle avait écouté le récit de son frère avec un mélange d’effroi et d’amusement, notamment lorsqu’il lui expliqua toutes les difficultés qu’ils avaient pu rencontrer avec l’animal. « Face de limande, vraiment ? » Etrangement, l’évocation de ce cheval rétif lui fit songer à Law. Sauvage, indomptable, caractériel... autant de qualificatifs qu'elle attribuerait volontiers à l'homme autant qu'au mustang. Drôle de parallèle. « Et bien, pourquoi pas ? Je serais curieuse de faire sa connaissance, à ce charmant Mr 7891. Visiblement, il a un sacré caractère de ce que m’a dit Slade. »



@Lorelei McKinley

Pensait-elle que Kaitlyn faisait fausse route ? Peut-être. Sans doute, même, puisqu’elle avait sur le visage le même air que prenait Thorne lorsqu’il penchait à pas d’heure sur un dossier qu’il ne comprenait pas. A trop s’éclater les yeux dans une semi-obscurité et cravacher les neurones en dépit du repos, on passait à côté de l’essentiel. Nul doute que l’accident devait boucler dans sa tête, comme dans celle de son aîné, et que la dernière née McKinley creusait ses souvenirs embrumés jusqu’à s’en rendre folle. L’en détourner -ne serait-ce qu’un peu- ne pouvait qu’être salutaire puisque, si prendre de la distance ne lui permettait pas d’avoir une vision globale des choses et chasser un peu la bruine, alors au moins cela lui épargnerait de cogner sa tête contre un mur en s’implorant de se rappeler du moindre petit indice. Ramasser des bouts de cervelle, très peu pour pour la née Addams. Penchant à son tour sur la jolie rousse, Lorelei lui souffla à l'oreille un simple “Alors pas un mot à ton autre frère” puisque Slade avait odieusement vendu la mèche. Si Thorne avait évidemment connaissance l’existence de ce mustang et de son passif, sa femme prenait pourtant grand soin de le travailler lorsqu’il n’était pas là. Histoire d’épargner son coeur puisque la brune retrouvait des airs adolescents lorsqu’elle s’armait de sa chambrière et d’un regard hautement déterminé. D’une fougue qu’elle n’avait plus tout à fait, depuis son propre accident, puisque les séquelles laissées lui hurlait toujours de faire attention. Pas là, cependant.

-Slade est gentil. Moi j’aurais plutôt dit “C’est un sale petit con.” Répondit la fleuriste du tac au tac en passant sous la barrière. Faisant signe à Kaitlyn de la suivre, Lorelei s’éloigna des paddocks pour approcher la sellerie, y déposant sa tasse au profit d’un seau de grain qu’elle plaqua dans les mains de la plus jeune avant de se saisir d’un licol et de son stick. Réalisant pourtant que le geste était trop brusque, la brune stoppa net son pas pour soupirer. Et voilà, c’était repartit. “Je suis injuste avec lui.” Marqua t’elle presque pour elle-même, avant d’offrir une moue un peu désolée à sa belle soeur. “Enfin, ça reste un sale petit con, mais je crois que quand on brise chaque parcelle de ton âme, soit tu te laisses mourir, soit… Tu dégages tout ce qui t’approche pour tenter de te préserver. Tu serais surprise de sa douceur et de sa sensibilité ; Ca aurait fait un cheval exceptionnel si ces cons ne l’avaient pas massacré.”

Des cheveux pétés par l’Homme, Lorelei en avait croisé une trop grande quantité pour qu’elle n’ait pas consolidé son cœur devant les atrocités qu’ils laissaient entrevoir. Son père, le premier, était connu pour être excessivement violent avec les siens. Pas du genre à prendre son temps, parce que le Temps c’était de l’argent et qu’adapter ses méthodes était trop contraignant. Si lui était orienté compétition de barrel, il avait la passion du rodéo et tous ses amis trempaient largement là dedans. Tous les premiers copains de Lorelei aussi, d’ailleurs. Des Quarter, paints ou appaloosas usés, elle en avait croisé à la pelle. Des chevaux sauvages broyés, plus encore. Pourtant si elle et Slade s’étaient mis d’accord sur le fait que ce cheval-là était une furie qui broierait les os de ses cavaliers, force était d’admettre que la détresse de son regard avait vrillé le coeur de la fleuriste. Parce qu’il était à cette intersection étrange où elle le savait encore récupérable, pas tout à fait brisé, et qu’il crachait à la gueule du monde son plein potentiel lorsqu’il tentait de sauvegarder sa carcasse et ses cicatrices à grand coups de cul furieux.

-M’enfin, mon discours changera certainement quand il m’arrachera le bras, mais je pense que tu l'aimeras. T'es du genre à aimer les cas désespéré. Pinçant sous un sourire les réminiscences des quelques garçons qu'elle avait vu prit en charge par la meute McKinley puisqu'ils avaient commit le crime de lorgner sur leur dernière née, Lorelei glissa un regard complice en direction de Kaitlyn. Et puisque ça fait longtemps que tu ne t'es pas éprise de l'un d'eux... Ca sera sans doute l'occasion. Conclut-elle en se saisissant d'une carotte dans laquelle elle croqua puisqu'elle n'avait encore rien avalé.

@Kaitlyn McKinley

Lorsque Lorelei l’intima de ne pas dire un mot à Thorne concernant les dessous de l’épopée « mustang », Kaitlyn retint un sourire amusé. Evidemment qu’elle n’avait aucunement l’intention de vendre la mèche à son aîné. Ce dernier piquerait une véritable crise s’il venait à l’apprendre, à coup sûr. De la main, elle mima un cadenas sur ses lèvres. Lorelei l’invita ensuite à la suivre, afin d’aller rencontrer le fameux « sale petit con », comme le décrivait sa belle-sœur. Kaitlyn la suivie donc jusqu’à la sellerie, où Lorel lui flanqua un seau de grain dans les bras, tandis qu’elle-même se munissait d’un licol et d’un stick. Kait avait toujours admiré la persévérance de sa belle-sœur avec les animaux, les chevaux issus de sauvetages ou autre, notamment. Bon, avec Thorne aussi, elle savait se montrer persévérante.

Une phrase de la fleuriste fit écho dans l’esprit de la rouquine. Quand on brise chaque parcelle de ton âme, soit tu te laisses mourir, soit… tu dégages tout ce qui s’approche pour tenter de te préserver. De nouveau, l’image de Law s’imposa à son esprit. Lui aussi se donnait du mal visiblement pour dégager ceux qui l’approchaient… elle en avait fait les frais. Kait fronça légèrement les sourcils en songeant à ce parallèle incongru qui avait germé dans son esprit. Qu’avait donc vécu cet homme pour déployer autant d’énergie à tenir loin de lui les autres ? Qui l’avait « massacré » lui ? La voix de Lorelei la ramena au présent, et les mots qu’elle prononça achevèrent de troubler Kaitlyn. En l’entendant dire qu’elle était du genre à aimer les cas désespérés – fallait avouer que ses précédents choix en matière d’homme n’étaient pas toujours très reluisants – puis d’ajouter que cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas éprise de l’un d’eux… Kaitlyn rougit jusqu’aux oreilles. Lorel avait-elle choisi ces termes précis sciemment ou bien était juste une terrible coïncidence que l’ambiguïté de ses propos ne corresponde à nouveau à une allusion à Law ? Pourtant, Kait n’avait parlé encore à personne de son entourage du beau brun ténébreux qui hantait ses pensées.

Kaitlyn croisa le regard de Lorelei. S’il y avait bien une personne au ranch à qui elle pouvait confier ses états d’âmes, c’était sa belle-sœur. « Et bien je… » Que pouvait-elle lui dire au juste d’ailleurs ? « C’est peut être moi le cas désespéré qui sait ? » C’était même une certitude. Nul doute que sa gêne soudaine n’avait pas échappé à l’œil averti de Lorel. « On est bien d’accord que tu ne parlais pas que des chevaux, n’est-ce pas ? »

@Lorelei McKinley

Cassant la carotte sous ses molaires, Loreleil arque un sourcil devant le rougissement naissant de Kaitlyn mais ne s’en offusque pas. Bien trop à l’aise quand pourtant le trouble ravage le visage de sa cadette. Elle se contente à dire vrai d’un vague haussement d'épaule pour répondre à ses questions et lui tourne le dos afin de la laisser arriver seule à ses conclusions. Une poignée de secondes du moins puisque, passant la porte de la sellerie, Lorelei coule son regard trop clair en direction de la rousse pour lui offrir une moue rendue malicieuse : “Te serais-tu éprise d’une nouvelle âme, Kitty-Kait ?” Elle taquine, l’épouse, du haut de son impériosité fauve. L'occasion est trop belle pour ne pas bondir maintenant que la plus jeune des McKinley semble avoir grillé sous d’odieux coups de soleil. Devait-elle ressortir son bingo “Meute McKinley VS les dates de Kait” ? Elle y avait depuis ajouté la case “poursuivit par Teal” -son oie- sous les scénarios de brisage de main en guise de bonjour de Thorne, et des regards noirs de Matt. Mais ça, c’était uniquement si le fameux date arrivait à passer le pas de la porte. Le plus probable était que la triade mâle des McKinley fasse bloc, bras croisés, soigneusement alignés derrière leur petites sœur pour le mettre en fuite d’un regard. Une scène qu’elle aimait contempler du coin de l’oeil en sirotant son café puisqu’elle avait essuyé l’interrogatoire du père McKinley il y avait plus de dix ans, et si le test était à l’époque d’un tout autre niveau que celui que faisait subir les fragins, force était d’admettre qu’elle n’avait pas pris la fuite. Il faut dire qu’elle était suffisamment masochiste pour épouser Thorne… Et manger des pizza hawaïenne.

-Il est si désespérant que ça ? Ca tombe dans une franchise désarmante puisque, loin de soucier d’user les pincettes qu’elle avait depuis longtemps égaré, la brune connecte rapidement. Fait des liens, tout comme Kait semble voir “histoire de coeur” quand pourtant sa belle-soeur parle chevaux. Et si cette dernière lui dresse le portrait d’un mustang compliqué, certainement est-ce la description que plaque la jolie rouquine sur l’homme qui hante ses pensées. “Laisse moi deviner… Mystér-Non. Secret.”

Sans discontinuer, Lorelei progresse sur le chemin qui la mène en direction des paddocks du fond mais coule un bref regard sur la plus jeune pour s’enquérir de la justesse de sa vision. Secret, oui, puisque la rousse était une journaliste téméraire et acharnée et que se confronter à un cas qu’elle ne savait résoudre devait hautement la frustrer. Elle était trop maligne pour s'enticher de con. Des âmes aux allures torturées, par contre…
Soupirant puisqu’elle n’était en définitive pas de bon conseil en matière d’amour puisqu’elle s’était promise de relayer Thorne aux coups d’un soir et qu’au final elle avait fini la bague au doigts, et roucoulant comme une cruche lorsqu’elle s'abattait de tout son poids sur ses épaules, la fleuriste révulsa une seconde le visage vers le ciel pour observer la course des nuages. Elle n’y trouva aucune réponse, évidemment, mais s’autorisa pourtant à reprendre :

-Qu’est-ce qui te travaille ?

@Kaitlyn McKinley

Kaitlyn avait toujours été proche de sa belle-sœur. A son arrivée chez les McKinley, Lorelei avait apporté une touche féminine qui manquait tant à la rouquine, qui avait grandit entourée de testostérone. Elle avait de suite apprécié Lorel, sa spontanéité, sa franchise, et surtout, le fait qu’elle rendre heureux Thorne bien évidemment. Et maintenant, Lorel était comme une sœur pour elle et elle se confiait souvent à elle, avec facilité qui plus est. De surcroit, Lorelei avait un flair hors du commun quand il s’agissait de débusquer les petits secrets des gens. Cela expliquait sans doute pourquoi la conversation avait dévié si vite, tout en demeurant dans les sous-entendus. Même si elle en rougissait, cela ne déplaisait pas tant que ça à Kait, que sa belle sœur la devine si bien. Elle dévorait d’envie de parler de Law avec elle, de se confier sur ses états d’âme. Et ce n’était certainement à ses frères qu’elle pouvait le faire, même si avec Slade, elle s’y plierait volontiers également. Elle était beaucoup plus complice avec lui qu’avec Matt et Thorne. Question d’âge peut être ?

Mais pour l’heure, c’était avec Lorelei qu’elle se trouvait, et déjà cette dernière avait flairé la baleine sou gravillon. Se serait-elle éprise d’une nouvelle âme ? Kitty-Kait. Ce surnom que lui attribuait Lorel la fit sourire, mais sa perspicacité ne cessait de la surprendre. « Et bien je… » Kait suivait Lorelei à travers sellerie et paddocks, tandis que celle-ci poursuivait sur sa lancée. Etait-il désespérant ? Mystérieux, secret ? « Ne va pas te faire tout un film ! » s’exclama-t-elle, connaissant assez bien Lorel pour savoir qu’elle ne lâcherait pas le morceau si facilement que cela. « De toute manière, il est encore plus obtus que ton mustang j’suis sûre. » reprit-elle avec un haussement d’épaule. Elle se voulait désinvolte, mais en réalité, elle était piquée au vif depuis l’autre soir. Qu’est-ce qui la travaillait ? Elle laissa échapper un long soupir d’entre ses lèvres. « Il est désespérant, mystérieux ET secret, tout à la fois, si tu veux tout savoir… » finit-elle par avouer à sa belle-sœur. Pourquoi diable exerçait-il une telle attraction sur elle ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se l’ôter de la tête ? « Je ne devrais sans doute pas m’obstiner mais… » Nouveau soupir à fendre l’âme. Son regard se posa sur les chevaux qui se trouvaient dans les paddocks. « Laisse tomber. Allons plutôt nous occuper de ta terreur équine. » Elle se sentait ridicule. Elle connaissait à peine ce type et pourtant… elle s’était jetée à sa tête comme une adolescente.

@Lorelei McKinley

Plus obtus que son mustang. La déclaration arracha à la fleuriste un franc rire mais ne la découragea pas, bien au contraire. Le parallèle qui se dessinait sous ses yeux la renforça dans l’idée que, en définitive, confronter “Face de limande” à Kaitlyn était quelque chose qu’elle se devait de faire. Égoïstement pour elle-même, en premier lieu, puisque les voir s’entre-croiser ôterait peut-être des épaules de Lorelei cette sensation de poisse qui la hantait. A demi-convaincue que la venue de l’un avait provoqué la chute de l’autre. Pour Kaitlyn ensuite, puisque travailler un animal suffisamment sensible pour lui renvoyer chacune de ses pensées comme le ferait un miroir psychique pourrait au pire la défouler, au mieux lui permettre d’éclaircir ce qui pesait lourdement sur ses neurones. Enfin pour ce pauvre cheval puisqu’un point de vu extérieur permettrait peut être à celle qui le travailler de le comprendre plus justement. C’est qu’elle avait parfois l’impression de patauger avec lui, Lorelei, et que personne ne méritait de crier son mal être sans être décemment entendu ; Ce mustang avait bien trop morflé pour qu’on s’arrête à ses airs truculents. Quand bien même sa fâcheuse tendance à vouloir botter pinçait singulièrement l’air de l’épouse McKinley.

-Tu sais… Fauchant net la fuite de Kaitlyn puisqu’elle semblait vouloir se raviser dans ses confidences, la voix de la brune s’était élevée sans jugement aucun. “Si tu sens que tu dois t’obstiner, obstine toi.”

C’est qu’elle était foncièrement intuitive Lorelei, et que si elle avait commit plus d’une erreur du haut de ses trente-six ans essuyés, elle ne regrettait pas grand-chose de ce qu’elle avait fait. Toute ses décisions, même les pires, étaient mues d’une profonde sincérité. Elle avait fuguée du domicile familial parce qu’elle ne pouvait plus le supporter, avait abandonné ses rêves de pédiatre après son accident puisqu’en définitive elle ne se sentait plus les épaules de les porter, et si elle s’était résignée un peu amèrement à devenir fleuriste, force était d’admettre que c’était là un travail qui lui permettait de s’épanouir au mieux auprès de sa fille et du ranch McKinley. Si quelque chose lui dictait de foncer, alors elle fonçait ; bien plus prompt à s’écouter que la plupart des gens. Son regard clair coula une nouvelle fois en direction de la rousse pour l’emporter et, si l’air et le ton se firent quelque peut grave, ils n’eurent en aucun cas volonté d'alarme : “Mieux que personne tu devrais savoir que la vie est trop courte pour ne pas s’écouter”  @Thorne McKinley froncerait sans doute les sourcils mais sa femme ne pouvait se défaire de cette idée ; Kaitlyn avait frollé la faux de Dame Mortalité, elle n’avait plus à avoir peur de grand chose. Encore moins de son intérêt pour un garçon. Le pas de l’aîné ne s’était pourtant pas arrêté et progressait dans une impériosité toute féline sur les terres de ceux qui l’avait adoptés. Fauve souverain, elle chasse d’un battement de cil le palefrenier qui musardait gueule au vent de son passage pour finalement offrir d’un mouvement de menton une charmante vision à sa belle soeur.

C’est qu’il est beau, 7891. La nitescence de sa robe blanche et baie lui donne des airs presque irréels au soleil, quand bien même il est aisé d’y noter quelques étranges irrégularités. Des balafres, des raideurs dans un pas quand le port arrondi de l’encolure traduit pourtant sans mal la nature toute altière qui est la sienne. Il devrait être cassé 7891, n’être devenu qu’un vague numéro amorphe et prostré, mais il n’en ait rien. Tenu droit dans son paddock où paissent les poulain de l’an passé, il veille avec application et couche les oreilles en arrière sitôt voit-il l’Homme pénétrer ses terres. Les jeunes ne s’en offusquent pas, bien au contraire certains pressent le pas à l’idée même d’avoir un peu de compagnie, mais si le mustang ne fuit pas il se fait évident que son attitude alerte détonne dans ce cadre pourtant paisible.

-T’as vraiment une sale tronche aujourd’hui. C’est faux, c’est en définitive un cheval bien fait. Harmonieux et puissant, en dépit des côtes que l’on devine. "Il paraît que t’es moins obtus que le mec de Kaitlyn ! Moi j’dis, c’est une sacrée insulte." Lorelei ne résiste cette fois pas à l’envie d’offrir son plus beau sourire à la rousse avant de pénétrer le paddock pour gratter l’encolure d’or et nacre de Goldrush N Pines, l’un de ses petits protégés, avant de poser son cul à terre et d’un mouvement à peine esquissé de main, interdire au poulain trop gourmand qui lorgnait sur sa carotte d’approcher. Douce mais ferme, elle réserve ce reste de repas à la bête grincheuse qui se tient à quelques mètres, qui la toise elle et Kait sans daigner approcher.

-Du coup ! Désespérant, mystérieux et secret. Je ne connais pas grand monde ici qui coche toutes ces cases. C’est qu’en dépit de ses airs de fauve elle était plutôt sociable la née Addams, et sa qualité de commerçante lui permettait de brasser du monde autant qu’elle en voyait. Le gigantesque “qui-est-ce” mental qui se jouait dans sa tête se faisait pourtant bien embêtait puisque si elle avait bon nombre de cas désespérant qui lui venait à l’esprit, rares étaient ceux qui jouait les mystères ambiants. "Je le connais ?" Se hasarda t'elle en minaudant, comme lorsqu'elle questionnait son mari d'un air faussement innocent quand il se faisait pourtant évident qu'elle enquêtait. "Parce que au pire des cas, je te l'attrape au lasso, on le fout dans le rond de longe et on tente de te le décoincer ton p'tit mustang à toi !"

@Kaitlyn McKinley

Elle devait bien se douter que sa belle-sœur ne se contenterait pas de quelques miettes jetées ça et là au détour de la conversation. Elle en avait trop dit ou pas assez. Certes, elle avait abordé le sujet de son plein gré, probablement motivée par le fait qu’elle ressentait le besoin de se confier à quelqu’un. Et elle savait d’expérience que Lorelei était une oreille sûre et attentive, voire même de bon conseil. En revanche, elle n’avait aucun filtre et était chaussée de gros sabots, pour mieux mettre les pieds dans le plat. Les allusions au mustang avaient été une manière subtile de l’amener sur le terrain qu’elle voulait, et Kait était tombée rapidement dans ce piège, même si c’était en tout connaissance de cause.

Lorel émit le fait que si elle sentait qu’elle devait s’obstiner, c’était qu’il fallait le faire. Kaitlyn médita un instant sur cette remarque en silence. Law avait indéniablement quelque chose qui la poussait à s’obstiner, le terme était tout à fait adapté pour l’occasion. En général, la rouquine n’était pas du genre à se focaliser sur un type, surtout lorsque ce dernier envoyait des signaux contradictoires. Mais avec Law, c’était complètement différent, sans qu’elle ne puisse se l’expliquer. Elle avait cette intuition diffuse qu’il n’érigeait pas des barrières pour se protéger d’elle, mais plutôt pour la protéger de lui, ou plutôt de ce qu’il pensait être, pour une raison qui lui échappait encore. Mais quelque chose lui soufflait que ces barrières méritaient d’être abattues.

La vie est trop courte. Une grimace se dessina sur les traits de Kait à ces mots. En effet, venant de frôler la mort de très près, elle en savait quelque chose. Peut être que cela influait aussi sa manière d’agir actuellement. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait dit à Law qu’elle voulait juste se sentir vivante, être maîtresse de ses décisions et de ses actes, alors qu’elle avait cette impression que tout lui échappait. « T’en fais pas, je l’avais bien compris ça. » murmura-t-elle d’un air pensif.

Le court de ses pensées, induites par les remarques pertinentes de Lorelei, fut interrompu par la vision du fameux 7891. Le mustang rétif. Kait s’immobilisa et admira l’animal qui se tenait face à elle. Sauvage, fier. Indomptable. Les cicatrices qui zébraient sa robe trahissaient les combats qu’il avait du mener. La lueur farouche qui brillait dans son regard démontrait sa force de caractère, malgré les souffrances endurées. Un lent sourire étira les lèvres de la rouquine. Lorel était déjà dans le paddock, s’installant au sol dans l’espoir que 7891 daigne venir à elle. Le cheval restait à une distance raisonnable, immobile. Au moins s’il ne s’approchait pas, il ne s’éloignait pas non plus. Sans doute jaugeait il cette intruse qui osait venir le défier. Mais Lorelei, loin de s’impatienter ou de s’offusquer, relança l’air de rien la conversation. De toute évidence, elle s’échinait à deviner de qui Kaitlyn avait bien pu s’enticher. Le connaissait-elle ? non sans ajouter une pointe d’humour et Kaitlyn imagina sans peine la scène d’un Law attrapé au lasso, non sans amusement. « Ça dépend. » répondit-elle tout en s’asseyant en équilibre sur la palissade. « T’as été au cimetière récemment ? »

@Lorelei McKinley  

Face aux réponses sibyllines fournies par sa belle-sœur, Lorelei semblait en proie aux affres de la curiosité dévorante que lui inspirait l’évocation de l’homme qui hantait ses pensées. Kaitlyn ne put s’empêcher d’arborer un sourire amusé quand Lorel l’implora de lui dire qu’il était bel et bien vivant… il était certain que le cimetière n’était pas réellement un lieu de rencontre très habituel. Et Kait prenait un certain malin plaisir de faire languir la femme de Thorne. Celle-ci énuméra diverses possibilités en lien avec l’endroit évoqué, déterminée à lever le voile sur le mystère que la rouquine venant de lui jeter à la figure. Sauf que la tâche s’avérait ardue, et que Lorelei ne tarda pas à afficher une moue boudeuse face à l’échec. Kait éclata de rire lorsqu’elle déclara forfait, prétendant qu’elle irait le trouver elle-même au cimetière. Cependant, elle n’avait rien perdu de son esprit de déduction, émettant le fait qu’il n’était sûrement pas originaire de Kanab. « Bonne déduction Sherlock. Un point pour toi. » claironna-t-elle à l’attention de sa belle-sœur, toujours perchée sur la palissade. « Il est nouveau en ville, en effet. » Kaitlyn concédait quelques informations à Lorelei, histoire qu’elle ait quelque chose à se mettre sous la dent, à défaut de croquer dans la carotte destinée à appâter 7891. « Et il n’est ni pasteur, ni veuf, ni goth. » Enfin veuf, elle savait pas après tout. Elle connaissait tellement peu de choses à son sujet. Elle réprima un soupir face à ce constat. « Il est fossoyeur. » Elle estimait avoir été généreuse avec Lorelei, lui fournissant gracieusement de précieuses informations au sujet de Law.

Puis, Lorelei lui demanda ce qu’elle lui trouvait, à son mustang à elle. La métaphore pour illustrer Law lui paraissait tout à fait adéquate, ayant elle-même fait un parallèle depuis le début de leur échange. Que lui trouvait-elle d’ailleurs au juste ? Kait se mordilla la lèvre inférieur, comme souvent lorsqu’elle réfléchissait. « Le style beau brun ténébreux, l’air mystérieux, cassé par la vie… un peu comme le tiens de mustang. » avoua-t-elle sans détour. « Pour une raison qui m’échappe encore, il est persuadé de ne pas être un type bien. Pourtant, je suis persuadée du contraire… » Elle jeta un regard torve à sa belle-sœur. « Tu vas finir par croire que je suis complètement folle. » Peut être était-ce le cas d’ailleurs. Quelle personne saine d’esprit irait s’enticher d’un parfait inconnu ? et pire encore, s’obstiner malgré les réticences de ce dernier ? « Et toi ? Tu lui as trouvé quoi au départ à Thorne ? » s’enquit-elle, sincèrement curieuse de connaitre ce qui avait fait que Lorelei avait succombé au charme de son aîné.


@Lorelei McKinley